Ville de Guizeh
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Ville de Guizeh


 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €

 

 contes et poèmes egyptiens

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeJeu 27 Nov - 13:27

LES PLAINTES DU FELLAH
page 1

contes et poèmes egyptiens Egypte12kj1

Il y avait une fois un homme, Khounianoupou de son nom, qui était un fellah de la Plaine du Sel , et il avait une femme, Nofrît de son nom .
Ce fellah dit à cette sienne femme:
«Hé toi, je descends en Égypte pour en rapporter du pain à nos enfants. Va là, mesure-moi le grain qui est dans le magasin, du reste du grain de [cette année]».
Alors il lui mesura [huit] boisseaux de grain.
Ce fellah dit à cette sienne femme: «Hé toi, voici ces deux boisseaux de grain pour tes enfants, mais fais-moi, des six boisseaux de grain, de pain et de la bière pour chaque jour que je serai en voyage».

Quand donc ce fellah descendit en Égypte, il chargea ses ânes de roseaux, de joncs , de natron, de sel, du bois d' Ouîti , de l'acacia du Pays des bœufs , de peaux de loup, de cuirs de chacal , de sauge, d'onyx, de la gaude, de la coloquinte, du coriandre, de l'anis, du talc, de la pierre ollaire, de la menthe sauvage, du raisin, des pigeons, des perdrix, des cailles, des anémones, des narcisses, des graines de soleil, des Cheveux de terre, des piments, tout plein de tous les bons produits de la Plaine du Sel .
Lors donc que ce fellah s'en fut allé au sud, vers Khininsouton , et qu'il fut arrivé au lieu dit Pafifi, au nord du bourg de Madenît , il rencontra un individu qui se tenait sur la berge, Thotnakhouîti de son nom, fils d'un individu, Asari de son nom, tous deux serfs du maire du palais Marouîtensi.

Ce Thotnakhouîti dit, dès qu'il vit les ânes de ce fellah, s'émerveillant en son cœur:
«Me favorise toute idole, si bien que je m'empare des biens de ce fellah».
Or le logis de ce Thotnakhouîti était contigu à la chaussée, qui en était resserrée, pas ample, si bien qu'elle n'avait plus que la largeur d'une pièce d'étoffe avec de l'eau sur un côté et du blé sur l'autre.

Ce Thotnakhouîti dit à son serviteur:
«Cours et m'apporte une pièce de toile de ma maison.»
Elle lui fut apportée sur-le-champ et il la déploya à même la chaussée, si bien que le liteau touchait à l'eau et l'effilé au blé .
Lors donc que ce fellah vint sur le chemin de tout le monde, ce Thotnakhouîti dit:
«Fais-moi plaisir , fellah, ne marche pas sur mon linge».
Ce fellah dit:
«A faire ainsi que tu dis, ma route est bonne».
Comme il se portait vers le haut, Thotnakhouîti dit:
«Mon blé va-t-il pas te servir de chemin, fellah?»
Ce fellah dit:
«Ma route est bonne, mais la berge est haute, la route a du blé, tu as barré le chemin avec ton linge.
Est-ce que tu ne permets pas que je passe?»
Tandis qu'il lui disait ces paroles, un des ânes prit une pleine bouchée de tiges de blé.

contes et poèmes egyptiens Ane

Ce Thotnakhouîti dit:
«Hé toi, puisque ton âne mange mon blé, je le mettrai au labour à cause de sa force».

Ce fellah dit:
«Ma route est bonne.
Pour éviter une avanie, j'avais emmené mon âne, et maintenant tu le saisis parce qu'il a pris une bouchée de tiges de blé!
Mais certes je connais le maître de ce domaine, qui est le grand intendant Marouîtensi; c'est lui, certes, qui écarte tout voleur dans cette Terre entière , et je serais volé sur son domaine?»

Ce Thotnakhouîti dit:
«N'est-ce pas là vraiment le proverbe que disent les gens: «On cite le nom du pauvre diable à cause de son maître?» C'est moi qui te parle, et c'est au maire du palais Marouîtensi que tu penses ».

Alors il saisit une branche verte de tamarisque et il lui en fouetta tous les membres, puis il lui enleva ses ânes et il les fit entrer dans son champ.

Ce fellah se mit à pleurer très fort par douleur de ce qu'on lui faisait, et ce Thotnakhouîti dit: «N'élève pas la voix, fellah, ou tu iras à la ville du dieu seigneur du silence !»

Ce fellah dit: «Tu m'as frappé, tu as volé ma propriété, et maintenant tu enlèves la plainte de ma bouche! Divin seigneur du silence, rends-moi mon bien, afin que je ne crie ta crainte ».

Ce fellah passa la durée de quatre jours à se plaindre à ce Thotnakhouîti, sans que celui-ci lui donnât son droit.
Quand ce fellah se fut rendu à Khininsouton afin de se plaindre au maire du palais Marouîtensi, il le trouva qui sortait de la porte de sa maison pour s'embarquer dans la cange de son service.

Ce fellah dit: «Ah! permets que je réconforte ton cœur par mon discours .
C'est le cas d'envoyer vers moi ton serviteur, l'intime de ton cœur, pour que je te le renvoie instruit de mon affaire».
Le maire du palais Marouîtensi fit aller son serviteur, l'intime de son cœur, le premier auprès de lui, et ce fellah le renvoya instruit de cette affaire, telle qu'elle était.

contes et poèmes egyptiens Tribunal_mini


Dernière édition par irislabelle le Jeu 27 Nov - 14:10, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeJeu 27 Nov - 13:29

LES PLAINTES DU FELLAH


page 2

Le maire du palais Marouîtensi informa de ce Thotnakhouîti les prud'hommes qui étaient auprès de lui, et ils dirent à leur maître:
«Voire, s'agit-il ici d'un paysan de Thotnakhouîti qui s'en était allé faire affaire avec un autre, au lieu de faire affaire avec lui; c'est ainsi, en effet, que ces gens-là en agissent envers leurs fellahs, quand ceux-ci vont vers d'autres au lieu d'aller à eux, c'est bien ainsi qu'ils en agissent .

Est-ce la peine de poursuivre ce Thotnakhouîti pour un peu de natron et pour un peu de sel?
Qu'on lui ordonne de les rendre et il les rendra ».
Le maire du palais Marouîtensi garda le silence:
il ne répondit pas à ces notables, il ne répondit pas à ce fellah.
contes et poèmes egyptiens Roseaudp6

Quand ce fellah vint se plaindre au grand intendant Marouîtensi pour la première fois, il dit:
«Maire du palais, mon seigneur, le grand des grands, le guide de ceux qui sont et de ceux qui ne sont pas, quand tu descends au Bassin de la Justice et que tu y navigues avec du vent, puisse l'écoute de ta voile ne pas s'arracher, puisse ton esquif ne pas aller a la dérive, puisse aucun malheur ne venir à ton mât, puissent tes bordages ne pas se briser; puisses-tu ne pas être emporté, quand tu accostes à la terre; puisse le flot ne pas te saisir, puisses-tu ne pas goûter aux malices du fleuve, puisses-tu ne pas voir la face terrible, mais que viennent à toi les poissons les plus rebelles et puisses-tu atteindre les oiseaux bien gras!
Car c'est toi le père du manant, le mari de la veuve, le frère de la divorcée, le vêtement de qui n'a plus de mère!
Fais que je puisse proclamer ton nom dans ce pays comme supérieur à toute bonne loi.
Guide sans caprice, grand sans petitesse, toi qui anéantis le mensonge et fais être la vérité, viens à la voix qu'émet ma bouche!
Je parle, écoute, fais justice, louable que les plus louables louent, détruis mes misères; me voici chargé de tristesses, me voici désespéré, juge-moi, car me voici en grand besoin!»

Or ce fellah disait ces paroles au temps du roi de la Haute et de la Basse Égypte, Nabkaourîya , à la voix juste.
Le maire du palais Marouîtensi alla devant Sa Majesté, et il dit:
«Mon seigneur, j'ai rencontré un de ces fellahs, beaux parleurs en vérité, à qui son bien a été volé par un homme qui relève de moi: voici qu'il vient pour se plaindre à moi de cela».

Le roi dit:
«Marouîtensi, si tu me veux conserver dispos, traîne-le en longueur, ne réponds rien à tout ce qu'il dira.
Quoi qu'il lui plaise dire, rapporte-le-nous par écrit pour que nous l'entendions.
Veille à ce que sa femme et ses enfants vivent, et toi, envoie un de ces fellahs pour écarter le besoin de sa maison, fais aussi que ce paysan vive en ses membres, mais quand tu lui feras donner du pain, donne qu'il ne sache pas que c'est toi qui le lui donnes».
On lui servit quatre pains et deux pots de bière chaque jour; le maire du palais Maroultensi les fournissait, mais il les donnait à un de ses clients et c'était celui-ci qui les donnait à l'autre.
Voici que le maire du palais Marouitensi envoya vers le châtelain de l'Oasis, du Sel, afin que l'on fît du pain pour la femme de ce paysan, dans la proportion de trois mesures par jour.

contes et poèmes egyptiens 8contes et poèmes egyptiens 8contes et poèmes egyptiens 8

Ce fellah vint se plaindre pour la seconde fois, disant:
«Maire du palais, mon maître, grand des grands, riche
des riches, toi qui es le plus grand de tes grands et le plus riche de tes riches, gouvernail du ciel, étai de la terre, corde qui porte les poids lourds, gouvernail ne t'affole pas , étai ne ploie pas, corde ne t'échappe pas!
Donc, le grand seigneur prend de celle qui n'a pas de maître , il dépouille qui est seul!
Ta ration dans ta maison, c'est une cruche de bière, trois pains [par jour], et qu'est-ce que tu dépenses à nourrir tes clients?
Qui meurt meurt-il avec ses gens? toi seras-tu éternel ?
Aussi bien, c'est un mal, une balance qui ploie, un peson qui perd l'aplomb, un juste intègre qui dévie.
Hé toi, si la justice qui marche sous toi s'échappe de sa place, les prud'hommes commettent des écarts, celui qui tenait compte des discours [prononcés des deux parts] penche vers un côté, la valetaille vole, celui qui est chargé de saisir l'infidèle qui n'accomplit point la parole [du juge] dans sa rigueur, lui-même il s'égare loin d'elle, celui qui doit donner le souffle [de la vie] en manque sur terre, celui qui est calme halète [de colère], celui qui divise en parts justes n'est plus qu'un prépotent, celui qui réprime l'oppresseur donne l'ordre qu'il maltraite la ville comme l'inondation, celui qui repousse le mal commet des écarts.»

Le maire du palais Marouîtensi dit:
«Est-ce donc pour toi si grande chose et qui te tienne tant au cœur que mon serviteur soit saisi?»

Ce fellah dit:
«Lorsque le boisseleur de grains fraude pour soi un autre se prend à perdre son avoir.
Celui qui guide [à l'observance de] la loi, s'il commande qu'on vole, qui donc alors repoussera le crime?
Celui qui écrase l'erreur, s'il s'écarte lui-même de l'équité, un autre a le droit de plier.
Si un autre approuve tes écarts, comment trouveras-tu, toi, le moyen de repousser les écarts [d'autrui].
Quand l'homme opulent vient à la place qu'il occupait hier, c'est un ordre de faire à qui fait pour l'engager à faire ce qu'on l'a honoré d'avoir fait, c'est administrer sagement les biens au lieu de les gaspiller, c'est attribuer les biens à qui possédait déjà la fortune .
Oh, la minute qui anéantit, quand tout sera bouleversé dans tes vignes, quant ta basse-cour sera détruite et que seront décimés tes gibiers d'eau, quand celui qui voyait se manifeste aveugle et celui qui entendait sourd, quand celui qui guidait dans le droit chemin devient celui qui égare!...
Donc es-tu sain?
Agis pour toi, car, toi, tu es fort puissant, ton bras est vaillant, ton cœur est hardi, l'indulgence s'éloigne de toi, la prière des misérables est ta destruction, tu sembles le messager du dieu Crocodile; toi, tu es le compagnon de route de la Dame de Peste, si tu n'es pas elle n'est pas, si elle n'est pas tu n'es pas, ce que tu ne fais pas elle ne le fait pas .

Le riche en revenus légitimes qui est fort est gracieux pour le mendiant, celui qui est ferme en la possession de ses rapines est gracieux pour qui n'a point de biens, mais si le mendiant est dépouillé de son bien c'est action mauvaise pour qui n'est pas dénué de tout, on ne saurait en être relevé, et on est recherché pour elle.

Mais toi, tu te rassasies de ton pain à toi, tu t'enivres de ta bière, tu es riche plus que tous les vivants.
Lorsque le visage du timonier se tourne vers l'avant , le bateau s'égare où il lui plaît.
Lorsque le roi est dans le harem et que le gouvernail est dans ta main, il y a des abus autour de toi, la plainte est ample, la ruine est lourde.
Qu'est-ce donc qu'il y a là?
Tu as fait des places d'asile, ta digue est saine, et voici que ta ville conteste le bien jugé de ta langue ?
Ne te rebute pas pourtant!
C'est le ver destructeur de l'homme que ses propres membres!
Ne dis pas de mensonge, surveille les notables du fisc; lorsque les servants récoltent leurs herbages, dire le mensonge est une tradition qui leur tient au cœur.
Toi qui connais l'avoir des gens, ignores-tu ma fortune?
O toi qui réduis à néant tout accident par l'eau, me voici, moi, sur les voies du malheur!
O toi qui ramènes à terre quiconque se noie et qui sauves le naufragé, je suis opprimé de par toi!»


Dernière édition par irislabelle le Jeu 27 Nov - 13:34, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeJeu 27 Nov - 13:31

LES PLAINTES DU FELLAH


page 3

contes et poèmes egyptiens Nil01-s

Ce fellah vint se plaindre pour la troisième fois, disant:
«Maire du palais, mon maître, tu es Râ, maître du ciel, avec ta cour, et c'est l'intérêt de tout le monde.
Tu es comme la vague d'eau, tu es le Nil qui engraisse les champs, qui permets la culture des îles.
Réprime le vol, protège les misères, ne sois pas un courant destructeur contre qui se plaint [à toi], mais prends garde que l'éternité approche, et te plaise qu'il en soit [pour toi] ainsi qu'il est dit:
«C'est de l'air au nez que de faire la justice .»
Charge qui a chargé, et cela ne sera point porté à ton compte.
Est-ce que la bascule fléchit?
Est-ce que la balance penche d'un côté?
Est-ce que Thot est indulgent?
Si tu commets des écarts tu te fais l'égal de ces trois-là.
Si tu es indulgent, ton indulgence est de qui répond le bien comme si c'était le mal, comme qui met ce dernier à la place de l'autre.
La parole prospère plus que les herbes vivaces, elle prospère autant qu'est fort celui qui lui répond, et celui-ci est l'eau qui fait prospérer ses vêtements à elle, pendant ces jours qu'il le fait faire .

Quand tu tires des bordées à la voile, et que tu prends le courant pour arriver à agir ainsi qu'il est juste, fais attention et manœuvre bien la barre quand tu seras en face de la terre .
Fais le juste; ne mens pas, tu es la grandeur, ne sois pas léger, tu es la lourdeur!
Ne mens pas; tu es la romaine, ne perds pas l'aplomb; tu es le compte exact, hé toi, tu es d'accord avec la bascule, si bien que si elle ploie, toi aussi tu ploies.
Ne t'affole pas quand tu gouvernes, mais manie bien la barre.
Ne prends rien quand tu iras contre celui qui prend, car ce n'est pas un grand, ce grand-là qui est rapace.

Ta langue est un peson de balance et ton cœur est le poids que tes deux lèvres font basculer.
Si tu voiles ta face pour celui dont le visage est ferme , qui donc repoussera le mal?
Hé toi, tu es comme un méchant blanchisseur rapace qui rudoie un ami et qui lie un client qui est pauvre, mais qui tient pour son frère celui qui vient et qui lui apporte [son dû].
Hé toi, tu es le passeur qui passe seulement celui qui possède le montant du droit de péage, et dont le droit de péage [pour les autres] est la ruine.

Hé toi, tu es le chef de grenier qui ne permet pas de passer celui qui vient les mains vides aussitôt.
Hé toi, tu es un homme oiseau de proie qui vis des misérables petits oiseaux.
Hé toi, tu es le cuisinier dont la joie est de tuer et à qui aucun animal n'échappe.
Hé toi, tu es le berger qui ne se soucie de rien; tu n'as pas compté combien tu as perdu [de tes bêtes] par le crocodile, ce violateur des lieux d'asile, qui attaque la cité de la Terre entière (1).
0 auditeur, qui n'as pas entendu, que n'entends-tu donc, puisque ici j'ai repoussé le furieux [des eaux]?
Être poursuivi d'un crocodile, combien de temps cela durera-t-il?
Que soit trouvée [dès aujourd'hui] la vérité cachée, et que soit rué le mensonge à terre!
N'escompte pas le lendemain qui n'est pas venu encore: on ne sait pas quels maux il y a en lui!»

contes et poèmes egyptiens Crocodile

Après que ce fellah eut tenu ce discours au maire du palais Marouîtensi, sur l'esplanade qui est devant la Porte, celui-ci expédia contre lui deux hommes de son clan avec des courbaches, et ils flagellèrent tous ses membres.

Ce fellah dit: «Le fils que j'aime, il dévie donc: sa face est aveugle à ce qu'il voit, il est sourd à ce qu'il entend, il passe oublieux de ce qu'on lui signale.
Hé toi, tu es comme une ville qui n'a pas de châtelain, comme une communauté qui n'a point de chef, comme un bateau qui n'a point de capitaine, comme une caravane sans guide.
Hé toi, tu es comme un ghafir qui vole, comme un châtelain qui prend, comme un chef de district chargé de réprimer le brigandage et qui se met à la tête de ceux qui le commettent!»

Lorsque ce paysan vint se plaindre pour la quatrième fois, il trouva le maire du palais qui sortait de la porte du temple d'Harchafi, et il dit:
«O béni, le béni d'Harchafi et qui vient de son temple, lorsque le bien périt sans opposition, le mensonge se propage sur la terre.

Et en effet, le bac où l'on vous fait entrer et traverser le fleuve, lorsqu' arrive la saison de l'étiage, traverser le fleuve en sandales, n'est-ce pas un bon moyen de traverser?
Et qu'en est-il de qui dort jusqu'en plein jour?
Périssent [par là] et l'aller [en sûreté] pendant la nuit, et le voyager [sans danger] pendant le jour, et [la possibilité que] l'individu profite de sa fortune en vérité.
Hé toi, il ne faut pas s'arrêter de te le dire.
L'indulgence s'éloigne de toi, la prière des misérables est ta destruction .

Tu es comme le chasseur, au cœur clair, hardi à faire ce qu'il lui plaît.
Harponner l'hippopotame, percer de flèches les taureaux sauvages, atteindre [au bident] les poissons , emmailler les oiseaux.
0 toi qui n'as pas la bouche courante et qui es sans flux de paroles, toi qui n'as pas le cœur léger mais dont le sein est lourd de desseins, applique-toi de cœur à connaître la vérité, réprime ton inclination [mauvaise] jusqu'à ce que survienne le silencieux .

Ne sois pas l'enquêteur [malhabile] qui écrase la perfection, ni un cœur rapide [qui se dérobe] lorsqu'on lui apporte la vérité, mais soit fait que tes deux yeux aperçoivent, que ton cœur se satisfasse, et ne te trouble pas doutant de ta force , de peur que le malheur ne t'atteigne:
celui qui passe outre à sa fortune [sans la saisir] sera [toujours] au second rang.
L'homme qui mange déguste, celui qu'on interroge répond, celui qui est couché fait des rêves, mais le juge à la porte ne lui fais opposition car il est à la tête des malfaiteurs; [et alors, grâce à lui, ] imbécile on arrive, ignorant de tout on est consulté; si l'on est comme un courant d'eau qui se déverse les gens y entrent.
O timonier, n'affole pas ta barque; toi qui donnes la vie ne fais pas qu'on meure; toi qui peux anéantir, ne fais pas qu'on soit anéanti.
Lumineux, ne sois pas comme l'ombre; place d'asile, ne permets pas au crocodile d'enlever [ses victimes en toi]!
Quatre fois que je me plains à toi, n'est-ce pas assez de temps passé à cela?»


Ce fellah vint pour se plaindre la cinquième fois, disant:
«Maire du palais, Marouîtensi, mon maître, le pêcheur à la nasse embouteille les perches, le pêcheur au couteau égorge les anguilles, le pêcheur au trident harponne les bayyâds, les pêcheurs à l'épervier prennent les châls , bref les pêcheurs dépeuplent le fleuve.

Hé toi, tu es de leur sorte; ne ravis pas au misérable son avoir, car sa peine, tu la connais.
Ses biens, c'est l'air vital du misérable: c'est lui boucher le nez que de les lui ravir.
Tu as été commis à entendre la parole, à juger entre deux frères, à réprimer le vol, et le malfaiteur est avec toi, et c'est un lourd faix de vols, ce que tu fais!
On t'a fait le favori , et tu es devenu un criminel; tu as été donné comme une digue au misérable pour empêcher qu'il se noie, et toi, tu es l'homme semblable au bassin qui se vide rapidement!»


Dernière édition par irislabelle le Jeu 27 Nov - 13:49, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeJeu 27 Nov - 13:32


LES PLAINTES DU FELLAH

page 4

Ce fellah vint pour se plaindre la sixième fois, disant:
«Maire du palais, Marouitensi , mon maître, maître silencieux de la ruine, fais que la justice soit, fais que soit le bien; anéantis le mal, comme vient la satiété qui arrête la faim, l'habillement qui fait cesser la nudité, comme le ciel se rassérène après la bise, et que son ardeur réchauffe tous ceux qui avaient froid, comme le feu cuit les crudités, comme l'eau éteint la soif.
O toi qui vois, ne [détourne pas] ta face ; toi qui partages équitablement, ne sois pas rapace ; toi qui consoles, ne cause pas de rancœur; toi qui guéris, ne cause pas de maladies.
Le délinquant diminue la vérité; celui qui remplit bien [ses devoirs] ne lèse pas, ne blesse pas la vérité.
Si tu as des revenus légitimes, donnes-en à ton frère:

l'égoïsme manque d'à-propos, car celui qui a rancœur, il est un guide de discorde, et celui qui conte sa peine tout bas amène les scissions, sans qu'on ait su ce qu'il avait dans le cœur .
Ne sois donc pas inactif!
Si tu agis selon ton intention de détruire, qui livrera bataille?
L'eau de la brèche est avec toi, à la façon dont la brèche s'ouvre, au temps où l'inondation est étale: si la barque y entre, comme elle est saisie [par le courant], sa cargaison périt à terre [dispersée] sur toutes les berges .

contes et poèmes egyptiens 53

Tu es instruit, tu es bien dressé, tu es établi solidement et non par la violence, mais tandis que tu établis des règlements pour tout le monde, ceux qui t'entourent s'écartent de la voie droite.
Équitable [à la fois] et coupable envers la Terre entière, jardinier de misère qui irrigue son terrain de vilenies pour que son terrain devienne un terrain de mensonge, pour répandre les crimes sur le bien-fond!»

Ce fellah vint se plaindre pour la septième fois, disant:
Maire du palais, mon maître, tu es le gouvernail de la Terre entière, qui navigues la terre à ton gré.
Tu es le second Thot , qui jugeant ne penche pas d'un côté.
O mon maître, te plaise n'assigner un individu [à comparaître au tribunal] que pour les actes qu'il a commis réellement!

Ne restreins pas ton cœur; il n'est pas dans ta nature que de large d'esprit tu deviennes borné de cœur !
Ne te préoccupe pas de ce qui n'arrive pas encore et ne te réjouis pas de ce qui n'est pas encore venu!
Comme l'homme impartial est large en amitié, il tient pour nul l'acte qui s'est accompli sans qu'on ait su quelle intention il y avait au fond du cœur .

Celui qui rabaisse la loi et qui détruit le compte [des actions humaines], il n'y a misérable qui vive [parmi ceux] qu'il a volés, et la vérité ne l'interpelle plus .
Mais mon sein est plein, mon cœur est chargé et ce qui sort de mon sein en conséquence, c'est la brèche d'une digue d'où l'eau s'écoule: ma bouche s'ouvre à la parole, j'ai lutté [pour boucher] ma brèche, j'ai versé mon courant, j'ai piloté [à bon port] ce qui était dans mon sein, j'ai lavé mes haillons, mon discours se produit et ma misère est complète devant toi: quelle est ton appréciation finale?

Ton inertie te nuira, ta rapacité te rendra imbécile, ton avidité te fera des ennemis; mais où trouveras-tu un autre fellah tel que moi?
Sera-ce un paresseux qui, se plaignant, se tiendra à la porte de sa maison ?
Il n'y a silencieux que tu ne fasses parler, il n'y a endormi que tu ne réveilles, il n'y a timide que tu ne rendes audacieux , il n'y a muet dont tu n'ouvres la bouche, il n'y a ignorant que tu ne changes en savant, il n'y a stupide que tu n'instruises.
Ce sont des destructeurs du mal, les notables [qui t'entourent], ce sont les maîtres du bien, ce sont des artisans qui produisent [tout] ce qui existe, des remetteurs en place de tête coupée !»

Ce fellah vint se plaindre pour la huitième fois, disant:
«Maire du palais, mon maître, puisqu'on tombe par œuvre de violence, puisque le rapace n'a point de fortune [ou plutôt] que sa fortune est vaine, puisque tu es violent quand ce n'est pas ta nature de l'être, et que tu voles sans que cela te soit utile, laisse les gens s'en tenir à leur bonne fortune.

Tu as ce qu'il te faut dans ta maison, ton ventre est plein, mais le tas de grains s'éparpille et ce qui sort de lui périt sur le sol, le voleur pille, ravissant par force les notables qui sont faits pour repousser les crimes et qui sont l'asile du persécuté, les notables qui sont faits pour repousser le mensonge.
La crainte de toi n'a pas permis que je te supplie [comme il faut], et tu n'as pas compris mon cœur.
O silencieux , celui qui revient pour te faire ses objurgations, il ne craint plus de te les présenter, bien que son frère ne t'apporte pas [des cadeaux] dans ton habitation privée.
Tu as des pièces de terrain à la campagne, tu as des revenus à la ville, tu as ton pain aux entrepôts , les notables t'apportent des cadeaux, et tu prends!
N'es-tu donc pas un voleur puisque, lorsqu'on défile avec la redevance pour toi, il y a des pillards avec toi pour prélever le métayage des terres ? Fais le vrai du maître du vrai, ce qui est le vrai du vrai .
Toi le calame, le rouleau du papyrus, la palette, le dieu Thot, garde-toi de faire des écarts [de la justice]; bon, sois bon, vraiment bon, sois bon!

contes et poèmes egyptiens 84contes et poèmes egyptiens 87contes et poèmes egyptiens 83

Car la vérité est pour l'Éternité; elle descend dans l'Hadès avec qui la pratique.
Lorsqu'il a été mis au cercueil et déposé dans le sol, son nom n'a pas été effacé sur terre, et on se le rappelle en bien, en conséquence de la parole du dieu .
C'est qu'en effet la bascule n'a point ployé, la balance n'a point penché d'un côté.
Et pourtant, quand moi je viens, quand un autre vient te prier, répondant, priant le silencieux , s'efforçant d'atteindre ce qui ne peut pas être atteint, tu ne t'es pas adouci, tu n'as pas compati, tu n'as pas reculé, tu n'as pas supprimé [le mal]; tu n'as pas tenu envers moi la conduite qui répond à cette parole excellente qui est sortie de la bouche de Râ lui-même:

«Dis le vrai, fais le vrai, fais ce qui est conforme au vrai, parce que la vérité est puissante, parce qu'elle est grande, parce qu'elle est durable, et lorsqu'on trouve ses limites, elle conduit à la béatitude».
Si la balance ne ploie pas, si ses plateaux portent des objets [au même niveau], les résultats du compte ne se feront pas sentir [contre moi], et la honte n'arrivera pas derrière moi à la ville, et elle ne prendra pas terre».

Ce fellah vint se plaindre pour la neuvième fois, disant:
«Maire du palais, mon maître, la balance des gens c'est leur langue, et c'est la balance qui vérifie les comptes .
Lors donc que tu punis celui qui avait mal agi, le compte est apuré en ta faveur .
[Au contraire, celui qui pactise avec] le mensonge, sa part [désormais] c'est que la vérité se détourne de lui, car alors son bien c'est le mensonge, et la vérité ne se soucie plus de lui .
Lors donc que marche le menteur, il s'égare, il ne passe pas l'eau dans le bac, il n'est pas [accueilli] .
S'il est riche, lui, il n'a pas d'enfants, il n'a pas de postérité sur la terre .
S'il voyage, il n'accoste pas à terre, et sa barque n'aborde pas à sa ville .
Donc ne te fais pas lourd, car déjà tu n'es pas un petit poids, ne fonce pas, car déjà tu n'es pas léger à la course , ne crie pas fort, ne sois pas égoïste , ne voile pas ta face à ce que tu sais, ne ferme pas les yeux à ce que tu as vu, n'écarte pas celui qui mendie de toi.

Si tu tombes dans la négligence, on fait usage de ta conduite contre toi .
Agis donc envers qui a agi contre toi, mais que tout le monde n'en entende point parler: n'assigne un individu que pour l'acte qu'il aura commis en vérité.
Il n'y a pas de hier pour le négligent ; il n'y a pas d'ami pour qui est sourd au vrai; il n'y a pas de bonheur pour le rapace.
[D'autre part] celui qui proteste devient misérable, et le misérable passe à l'état de plaignant [perpétuel, et le plaignant] est égorgé.
Hé toi, je me suis plaint à toi et tu n'as pas écouté ma plainte: j'irai me plaindre de toi à Anubis ».

contes et poèmes egyptiens Anubis-GaurdianoftheDead_scaled

Le maire du palais, Marouîtensi, envoya deux hommes de son clan pour que le fellah revînt.
Ce fellah donc eut peur et il eut soif, [craignant] que le maire n'agît ainsi afin de le punir pour ce discours qu'il avait tenu, et ce fellah dit:
«Écarte ma soif.......» .
Le maire du palais, Marouîtensi, dit:
«Ne crains rien, fellah. J'agirai envers toi ainsi que tu agis envers moi».
Ce fellah dit:
«Puissé- je vivre mangeant ton pain et buvant ta [bière] éternellement!»

Le maire du palais, Marouîtensi, dit:
«Garde donc [désormais] qu'on entende ici toi et tes plaintes!»
Puis il fit coucher sur une feuille de papyrus neuve toutes les plaintes du fellah jusqu'à ce jour.
Le maire du palais, Marouîtensi, l'envoya à la Majesté du roi des deux Égyptes Nabkaourîya, à la voix juste, et cela lui fut agréable par-dessus toutes choses qu'il y a en cette Terre-Entière, et Sa Majesté dit:
«Juge toi-même, mon fils bien-aimé».

Le maire du palais, Marouîtensi, manda donc deux hommes de son clan pour qu'on lui amenât le greffier, et il lui fit donner six esclaves mâles et femelles, en plus de [ce qu'il possédait déjà en] esclaves, en blé du midi, en dourah, en ânes, en [biens de toute sorte.
Il ordonna que restituât] ce Thotnakhouîti à ce paysan [ses ânes avec] tous ses biens qu'il lui avait pris.....

contes et poèmes egyptiens Ane

Les exercices de style noble auxquels ce fellah s'était livré continuèrent quelque temps encore, cette fois pour rendre gloire au Pharaon et pour remercier Marouîtensi de son équité.

La morale de ce conte est que le fellah ne se lasse jamais de parler quand son intérêt entre en jeu ou que sa cupidité est satisfaite

FIN
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeVen 28 Nov - 13:19

LES DEUX FRERES


contes et poèmes egyptiens Model_plough

Kaïti et Anoupou était deux frère.
Anoupou était marié mais pas Kaïti.
Tout deux travaillait dans la ferme d'Anoupou.
Alors qu'Anoupou était partit vendre les récoltes au marché du nome, Kaïti travaillait aux champs.
La femme d'Anoupou impressionné pas la force de son beau frère , entreprit de le séduire.
Elle le rejoignit tandis qu'il se désaltéré dans la maison, elle lui fit ses avances mais Kaïti la rejeta, elle le griffa puis appela les serviteurs disant que son beau-frère avait essayé d'abuser d'elle.

contes et poèmes egyptiens Thar_areg_p_v

Lorsque son mari rentra ,elle lui tient les mêmes propos, fou de rage Anoupou chassa son frère sans que celui-ci puisse dire quoi que ce soit.
Lorsque Anoupou ce rendit compte de sa méprise il supplia kaïti de revenir mais celui-ci refusa, il tua sa femme qui lui avait fais perdre son frère.
Kaïti s'en alla dans un autre nome pour se protéger il s'enleva le cœur et le plaça en haut d'un acacia près du Nil.

contes et poèmes egyptiens Anubiscontes et poèmes egyptiens Sekhmet

Les dieux décidèrent d'envoyer une femme à Kaïti pour le sortir de sa solitude, celui-ci tomba amoureux de la femme , sans savoir que c'était la réincarnation de sa belle sœur, il lui indiqua donc ou se trouvait son cœur, mais lui dit de ne pas s'en approcher.

contes et poèmes egyptiens Oleo23bp

Une fois Kaïti partit travailler , la femme s'empressa d'aller voir le cœur, mais elle tomba à l'eau, le pharaon qui passé par là secoura la jeune femme, la trouvant magnifique il décida de l'épouser.
La femme profita de cette situation pour demander à pharaon de couper l'acacia détruisant ainsi le cœur de Kaita.
Lorsque son cœur fut détruit Kaïta mourut, mais les dieux le firent ressusciter sous forme de taureau.
La femme demanda alors à pharaon de faire abattre le taureau.

contes et poèmes egyptiens Taureau

Mais de son sang poussèrent trois fleur, la femme arracha les fleurs sans ce rendre compte qu'elle avait aspirer le pollen des fleurs.
Kaïti se réincarna dans le ventre de la femme , en tant que fils de pharaon, puis devenu grand, il devint pharaon, il fit enfermer la femme et fit venir son frère Anoupou au palais


FIN


Dernière édition par irislabelle le Mer 10 Déc - 14:42, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMar 2 Déc - 12:37

CONTE DE SINOUHIT


Page 1

L’ami de Pharaon, l’administrateur des domaines du souverain et son lieutenant chez les Bédouins, Sinouhît, l’homme du roi, raconte ainsi son histoire :
"Je suis dit-il, le serviteur dévoué qui suit son maître. Amenemhaît, mon souverain, celui qui est enterré dans la pyramide de Quanofir, m’a confié sa fille, la princesse héritière, et je veille sur elle dans le harem royal.
Ma noble maîtresse s’appelle Nofrît ; elle est l’épouse préférée du roi Sanou.
En l’an XXX, le troisième mois d’Iakhouît, à l’époque où le dieu Râ entre en son double horizon, le roi Amenemhaît, le père de ma princesse, mourut sur cette terre et son âme s’élança au ciel, s’unissant au disque solaire et s’absorbant en son créateur.
Or, le palais était silencieux en signe de deuil, la double grande porte avait été scellée, les courtisans restaient accroupis, la tête appuyée sur leurs genoux, le peuple se lamentait tout haut.

Sa majesté, le roi défunt, avait envoyé de son vivant une armée nombreuse faire la guerre au pays des Timihou, ces tribus berbères qui occupent le désert de Libye.
Son fils aîné, le prince Sanou, commandait cette armée ; il avait été chargé de frapper les pays étrangers et de réduire les Berbères à l’esclavage.
Vainqueur, il avait déjà pris le chemin du retour, amenant avec lui des prisonniers vivants dont il s’était emparé chez les Berbères et des troupeaux si nombreux qu’il n’en savait pas le chiffre.
Dès la mort du Roi, les amis du Sérail, qui sont les amis du souverain choisis parmi les courtisans et les fonctionnaires, envoyèrent des gens du côté de l’ouest pour informer le fils du Roi des évènements survenus au Palais.
Les messagers le rejoignirent à la nuit : le prince fit diligence.
Comme un faucon royal, il s’envola avec ses serviteurs pour rejoindre le Palais où l’on pleurait son père. Mais l’ordre fut donné aux princes de sang royal de garder le silence, de cacher à l’armée la mort du roi.

Or moi, j’étais là. j’entendis la voix du messager annonçant une si grave nouvelle.
Il y allait de ma vie : la moindre indiscrétion me serait attribuée si quelqu’un apprenait quelque chose et je serais condamné pour avoir découvert ce qui doit rester secret et ce que je devais ignorer.
Je m’éloignai bien vite, mon cœur se fendit, mes bras retombèrent, la peur s’abattit sur tous mes membres, je me désolai, faisant des tours et des détours pour chercher une place où me cacher ; je me coulai entre deux buissons pour m’écarter de la route battue qui suivait le cortège royal.
Je m’acheminai vers le sud, mais je ne voulais pas revenir au Palais royal car j’imaginais que la guerre y avait déjà éclaté, il est rare, en effet, qu’un héritier désigné par le Pharaon occupe le trône sans avoir à guerroyer contre ses frères moins favorisés et jaloux qui veulent lui arracher son héritage.
Chassé par la peur, je traversai le canal des deux Vérités au lieu qu’on appelle le Sycomore.
J’arrivai à l’île Sanafrouî et j’y passai la journée, blotti dans un champ.
A l’aube me voilà reparti et en voyage.
Je marchai toute la journée et la nuit encore, et le lendemain de bonne heure j’atteignis Pouteni et je me reposai dans une île.
Alors la soif s’abattit sur moi. Je râlais. Mon gosier se contractait : je défaillis, et je me disais déjà : "C’est le goût de la mort !"Quand mon cœur reprit courage, je rassemblai mes membres pour me relever ; j’entendais mugir un troupeau.
C’étaient des Bédouins, ils m’aperçurent et un de leurs cheiks qui avait séjourné dans mon pays d’Egypte, me reconnut.
Iil me donna de l’eau et me fit cuire du lait ; puis j’allai avec lui dans sa tribu et ils me rendirent le service de me faire passer de pays en pays.
Je gagnai ainsi une contrée de la Syrie, et j’y restai un an et demi. Or, le prince du pays de Syrie, Ammoui, me fit venir auprès de lui et me dit ; "Tu te trouves bien chez moi car tu y entends le parler de l’Egypte".
Il disait cela parce qu’il savait qui j’étais.
Des Egyptiens, réfugiés dans le pays, lui avaient parlé de moi. Il se mit à m’interroger : "Pour quelle raison es-tu venu ici ?
Qui t’a poussé à quitter ton pays ?Qu’est-il arrivé dans le palais d’Amenemhaît, le souverain des Deux-Egyptes ? Révèle-nous ce que nous ignorons".
Comprenant qu’il supposait que j’avais été mêlé à quelque complot contre le roi, je lui répondis avec astuce : "Oui, certes, il est arrivé quelque chose.
Quand je revenais de l’expédition au pays des Berbères, j’ai entendu quelque chose qui ne me regardait pas. Mon coeur se déroba, la peur m’a fait fuir dans le désert.
contes et poèmes egyptiens 0039b


Dernière édition par irislabelle le Mar 2 Déc - 13:40, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMar 2 Déc - 12:41

CONTE DE SINOUHIT

Page 2

Je n’avais pas été blâmé pourtant, personne ne m’avait craché à la figure, on ne m’avait pas donné de vilains noms.
Je ne sais pas ce qui m’amena en ce pays, plutôt qu’en un autre, ce doit être la volonté sacrée d’ Amon Râ".

Mais Ammoui poursuivit : "Qu’arrivera- t’il à l’Egypte maintenant qu’elle est privée de son protecteur ?Amenemhaît était redouté des nations étrangères à l’égal de la déesse Sokhît qui peut envoyer la peste sur la terre, comme il lui plaît".
Je lui laissai voir ma pensée et je lui dis :
"Amon -Râ a eu pitié de nous ! Le fils d’Amenemhaît est entré au palais et il est en possession de l’héritage. Certes c’est un maître de sagesse, prudent en ses desseins, bienfaisant en ses décisions, qui sait donner des ordres.
Déjà du vivant de son père il domptait les nations étrangères tandis que son frère restait à l’intérieur de son palais.
C’est un vaillant qu’il faut voir entrer dans la mêlée et s’élancer sur les barbares.
Il court si vite que le fuyard qui lui a montré son dos ne trouve plus d’asile.
Il ne se lasse jamais ; s’il voit de la résistance, il saisit son bouclier, il culbute l’adversaire, il tue du premier coup ; personne n’a jamais pu détourner sa lance, personne ne peut tendre son arc.
La cité l’aime et l’appelle le bien-aimé, le très charmant homme et les femmes s’en vont chantant sa louange. Il est roi, c’est Amon- Râ qui nous l’a donné et cette terre se réjouit d’être sienne et de vivre sous son gouvernement.
Il veut faire la conquête des pays du midi et il ne craint pas ceux du nord".
Souhaite que ton nom lui soit connu comme celui d’un homme de bien car s’il prend fantaisie d’envoyer une expédition ici il saura te traiter comme tu le mérites : il ne cesse jamais de faire le bien et de rendre justice à la contrée qui lui est soumise".

contes et poèmes egyptiens Heriho10

Le chef du pays de Syrie me répondit :
"Certes l’Egypte est heureuse puisqu’elle connaît la valeur de son prince. Quant à toi, puisque tu es ici, reste avec moi et je te ferai du bien".
Il me traita mieux que ses propres enfants, il me maria avec sa fille aînée et il voulut que je choisisse pour moi un domaine parmi les meilleurs de ses possessions sur la frontière.
C’est une terre excellente, qui s’appelle Aîa. Il y mûrit des figues et des raisins ; le vin y est plus abondant que l’eau, il y a plein de miel et d’huile d’olive et des arbres qui donnent toutes sortes de fruits.
L’orge et le froment y poussent en abondance.
On y a la farine sans limite et il y a aussi toute espèce de bestiaux.
Et je reçus de grands privilèges quand le prince vint m’installer comme le seigneur d’une tribu.
J’eus chaque jour une ration de pain et de vin, de la viande bouillie et des volailles rôties et encore du gibier qu’on chassait pour me l’offrir, bien que j’eusse moi-même une meute de chiens de chasse.
On faisait pour moi beaucoup de gâteaux et du lait cuit de toutes les manières.
Je passai là de nombreuses années, mes fils devinrent des hommes vaillants, chacun maître de sa tribu.
Moi, j’accueillais avec bonté ceux qui passaient sur ma terre et, me souvenant d’avoir été fugitif, je donnais de l’eau à celui qui avait soif, je remettais le voyageur égaré sur la bonne route, j’accueillais et je réconfortais celui qui a été pillé par les voleurs, et mon hospitalité était si connue que les messagers volontiers s’arrêtaient chez moi.

Pendant de longues années je fus chargé de commander les soldats pour défendre le prince de Syrie contre les Bédouins qui s’enhardissaient jusqu’à nous attaquer.
Et lorsque je marchais précipitamment contre un pays avec mes soldats, on tremblait au fond des puits dans les pâturages.
Je prenais les bestiaux, j’emmenais les vassaux et j’enlevais leurs esclaves, je tuais les hommes d’armes.
Par mon glaive, par mon arc, par mes marches, par mes plans bien conçus, je gagnai le coeur de mon prince et il m’aima quand il connut ma vaillance ; il mit ses enfants sous mes ordres quand il vit la vigueur de mon bras. Une fois, arriva un Syrien, fort entre les forts.
Il vint me défier dans ma tente. C’était un héros que personne n’accompagnait, car il avait vaincu tous les hommes forts du pays.
Il disait qu’il lutterait avec moi ; il se promettait de me dépouiller ; il annonçait bien haut qu’il prendrait mes troupeaux pour les emmener dans son domaine et les distribuer à ceux de sa tribu.
Le prince délibéra avec moi et je dis : "Je ne connais point cet homme. Je ne suis jamais allé sous sa tente puisque je ne suis pas son allié ; est-ce que j’ai jamais ouvert sa porte ou enfoncé ses clôtures ?
Il me poursuit par pure jalousie parce qu’il voit que je suis à ton service.


Dernière édition par irislabelle le Mar 2 Déc - 13:45, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMar 2 Déc - 12:43

CONTE DE SINOUHIT

Page 3

Qu’Amon- Râ nous sauve. Je suis comme vieux taureau au milieu de son troupeau de vaches, lorsque fond sur lui un jeune taureau qui veut les lui prendre.
J’étais un mendiant, je suis passé chef. J’étais un nomade qui a pris place parmi les paysans : il est naturel que je leur déplaise. Alors s’il a le coeur à combattre, qu’il dise son intention et qu’Amon- Râ décide entre nous".

contes et poèmes egyptiens CharB_Kadesh

Je passai la nuit à bander mon arc, à dégager mes flèches, à donner du jeu à mon poignard, à fourbir mes armes. A l’aube tout le pays accourut.
Le prince de Syrie, qui avait prévu le combat, avait réuni ses tribus et convoqué tous les voisins.
Quand l’homme fort arriva, je me dressai en face de lui : tous les coeurs brûlaient pour moi, hommes et femmes, anxieux à mon sujet, poussaient des cris ; on disait :
"Y a t’il véritablement un autre champion assez fort pour lutter contre cet homme si fort ?"Et voici qu’il prit son bouclier, sa lance, sa brassée de javelines.
Je réussis à écarter de moi ses traits qui tombèrent à terre, je l’obligeai à épuiser ses armes sans résultat, alors il fondit sur moi.
A ce moment, je déchargeai mon arc contre lui, mon trait s’enfonça dans son cou, il cria et il s’abattit sur le nez. Je l’achevai avec sa propre hache et, le pied sur son dos, je poussai mon cri de victoire.
Tous les Asiatiques crièrent de joie ; je rendis des actions de grâces à Moutou, le dieu de la guerre que nous adorons à Thèbes tandis que ses gens se lamentaient sur lui. le prince de Syrie me serra dans ses bras.
J’emportai tous les biens du vaincu, je pris ses bestiaux et voilà que ce qu’il avait voulu me faire, c’était moi qui le lui faisais.
Je pris tout ce qui était dans sa tente. Je pillai son douar (village en Afrique du Nord) et je m’ enrichis, mon trésor s’arrondit et mon troupeau s’accrut.

Ainsi donc, le dieu s’est montré gracieux pour celui à qui on reprochait d’avoir fui en terre étrangère, si bien qu’ aujourd’ Hui mon coeur est joyeux.
J’ai été un fugitif, un traînard mourant de faim, un pauvre hère sorti tout nu de son pays et maintenant j’ai une bonne réputation à la cour de Syrie, je donne du pain au pauvre, je suis éclatant dans mes habits de fin lin, je possède beaucoup de serfs.
Ma maison est belle, mon domaine est vaste. Pourtant, mon coeur n’est point satisfait. Maintenant que la vieillesse vient, que la faiblesse m’a envahi, que mes deux yeux sont lourds, que mes jambes refusent le service et que le trépas s’approche de moi, je voudrais revoir l’Egypte.
O Dieux qui m’avez poussé à fuir, accordez-moi de revoir le pays où je suis né et où je voudrais mourir.
J’envoyai au Pharaon un message pour que sa bonté me soit favorable, et Sa Majesté daigna m’envoyer des présents aussi beaux que ceux qu’on donne aux princes des pays étrangers et m’écrire la lettre que voici :

" L’Horus, le maître des diadèmes du Nord, et du Sud, le roi de la Haute et de la Basse-Egypte, Sanou, fils du Soleil, vivant à toujours et à jamais.
Ordre du roi pour le serviteur Sinouhît. Voici, cet ordre du roi t’est apporté pour t’instruire de sa volonté. Tu as parcouru les pays étrangers, sortant de Kadimâ vers la Syrie et tu es passé d’un pays à l’autre, sur le conseil de ton propre coeur.
Il s’ensuit que tu ne peux plus parler dans le conseil des notables, que tes paroles, ni tes malédictions ne comptent plus. Et ceci n’est pas dû à une mauvaise volonté de ma part contre toi.
Car cette reine, ta maîtresse qui est dans le Palais, elle est florissante encore aujourd’hui, sa tête est exaltée parmi les royautés de la terre et ses enfants vivent dans la partie réservée du palais.
Tu jouiras des richesses qu’ils te donneront et tu vivras de leurs largesses.
Quand tu seras revenu en Egypte et que tu verras la résidence où tu vivais, prosterne-toi face contre terre devant la Sublime Porte et joins-toi aux Amis royaux comme autrefois.
Car aujourd’hui voici que tu vieillis et que tu songes au jour de l’ensevelissement, au passage à la Béatitude éternelle.
Bientôt tu passeras tes nuits parmi les huiles destinées à embaumer ton corps et au milieu des bandelettes sacrées. on fera ton convoi le jour de l’enterrement, on t’emportera dans une gaine doré, ta tête peinte en bleu, un baldaquin au-dessus de toi ; des bœufs tireront ton corbillard, des chanteurs te précéderont et des baladins danseront pour toi les formules des offrandes, on tuera pour toi des victimes auprès de ta stèle funéraire et ta pyramide sera bâtie en pierre blanche dans le cercle des princes royaux.
Il ne faut pas que tu meures sur la terre étrangère, ni que des Asiatiques te conduisent au tombeau enseveli dans une peau de mouton.
Quand tu seras revenu ici, tu oublieras les malheurs que tu as subis. "

Quand cet ordre m’arriva, je me tenais au milieu de ma tribu.


Dernière édition par irislabelle le Mar 2 Déc - 13:47, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMar 2 Déc - 12:45

CONTE DE SINOUHIT

page 4

contes et poèmes egyptiens Rouleau_papyrus

Dès qu’il me fut lu, je me prosternai à terre comme devant le Pharaon, à plat ventre, je me traînai dans la poussière et je flairai la terre ; je répandis cette poussière sur mes cheveux, je fis le tour de mon campement, tout réjoui et disant :
"Comment se fait-il que pareille indulgence me soit accordée, à moi que mon coeur a conduit aux pays étrangers et barbares ? Certes, combien c’est chose belle cette compassion qui me délivre de la mort. Car le Seigneur va permettre que j’achève mon existence à la cour". Et voici la lettre que j’écrivis pour répondre à cet ordre :

"Le serviteur du harem, Sinouhît, dit : Que la paix soit par-dessus toute chose.
Cette fuite de ton serviteur dans son inconscience, Très haut, tu la connais. Maître des Deux-Egyptes, ami de Râ, favori de Montou le seigneur de Thèbes, puissent Amon, le seigneur de Karnak, Râ, Horus, Hâthor, Toumou et les neuf dieux qui l’accompagnent, puisse la royale Ureus qui ceint ta tête, puisse Nouît, puissent tous les dieux de l’Egypte et des îles de la Très-Verte, donner la vie et la force à tes narines.
Qu’ils te prodiguent leurs largesses, qu’ils te donnent le temps sans limites, l’éternité sans mesures ; que tu inspires la crainte dans tous les pays de plaine et de montagne, que tu domptes et possèdes tout ce que le disque du soleil éclaire dans sa course.
C’est la prière que le serviteur fait pour son maître qui le délivre du tombeau.
Cette fuite de ton serviteur n’était pas dans mes intentions, je ne l’avais pas préméditée, je ne sais ce qui m’arracha du lieu où j’étais.
Ce fut comme un rêve, je n’avais rien à redouter, nul ne me poursuivait, nul ne m’injuriait, et pourtant mes membres tressaillirent, mes jambes s’élancèrent, mon coeur me guida, le dieu qui voulait ma fuite me tira. Puisque tu ordonnes, moi, ton serviteur, j’abandonnerai les fonctions que j’ai eues en ce pays-ci.
Que ta Majesté fasse comme il lui plaît, car c’est toi qui donnes la vie et c’est la volonté des dieux que tu vives éternellement. "

Quand on vint me chercher, moi, le serviteur, je célébrai une fête dans mon domaine pour remettre en cérémonie mes biens à mes enfants.
Mon fils aîné devint le chef de la tribu, il devint le maître de tous mes biens, mes serfs, tous mes bateaux, toutes mes plantations, tous mes dattiers.
Et alors je m’acheminai vers le sud et quand j’arrivai non loin du delta au poste frontière, le général égyptien qui commande la garde de la frontière envoya un message au palais pour m’annoncer.
Sa Majesté dépêcha un directeur de la maison du roi et des navires chargés de cadeaux envoyés par le Roi aux Bédouins qui m’avaient escorté jusque-là. Je leur dis alors adieu, appelant chacun par son nom. puis je montai dans un bateau qui démarra et mit toutes ses voiles.
Et chaque jour à bord on prépara pour moi de la bière fraîche jusqu’à mon arrivée devant la ville royale de Taîtou, la très ancienne ville royale.
Quand la terre s’éclaira, le matin suivant, on vint m’appeler.
Dix hommes vinrent me chercher et m’escorter jusqu’au palais. les enfants royaux qui attendaient dans le corps de garde vinrent à ma rencontre.
Les Amis du Roi me conduisirent au logis du Pharaon et jusqu’à la grande salle à colonnes. Je trouvai Sa Majesté sur la grande estrade sous la porte dorée et je me jetai à terre sur le ventre et je perdis connaissance devant lui.

contes et poèmes egyptiens Pharaon-reine-egypte

Sa Majesté divine daigna m’adresser des paroles aimables, mais je fus soudain enveloppé de ténèbres, mon âme défaillit, mes membres se dérobèrent, mon coeur ne fut plus dans ma poitrine et je connus la différence qu’il y a entre la vie et la mort.
Sa Majesté dit à l’un de ses Amis : "Relève-le, et qu’il me parle !".
Sa Majesté poursuivit : "Te voilà donc qui reviens, après que tu as couru les pays étrangers, après que tu as pris fuite. Te voilà vieux, tu as de la chance de pouvoir désormais être enseveli ; ce n’est pas une petite affaire que d’échapper à un enterrement chez les barbares.
Tâche de répondre quand on t’interpelle".
J’eus peur, peur d’un châtiment et je répondis effaré : "Que m’a dit mon maître ? Je ne suis pas fautif, ce fut la main d’Amon- Râ.
La peur qui me tient en ce moment est pareille à celle qui m’a poussé à cette fuite fatale.
Me voici devant toi : tu es la vie, que ta Majesté agisse à son plaisir".
On fit défiler les enfants royaux et Sa Majesté dit à la Reine : "Voilà Sinouhît qui revient, avec des manières de rustre, semblable à un Asiatique, il est devenu tout pareil à un Bédouin !"
Elle poussa un très grand éclat de rire et les enfants royaux s’esclaffèrent tous à la fois. Toutefois, ils eurent pitié de moi et dirent à Sa Majesté : "Non, en vérité, Souverain, mon maître, il n’est pas pareil à un Bédouin !"

Sa Majesté dit : "En vérité, il l’est, il a l’air d’un Bédouin, tout à fait".
Alors, les enfants royaux saisirent leurs instruments de musique et, défilant devant le roi, chantèrent un hymne à sa louange, disant : "Tes deux mains soient pour le bien, ô Roi, toi sur qui reposent le diadème du Sud et le diadème du Nord, et l’ureus est à ton front.
Tu as écarté tes sujets du mal ; car Tâ t’est favorable, ô maître des Deux Pays".
Et ils ajoutèrent des paroles en ma faveur : "Accorde-nous cette faveur insigne que nous te demandons, pour ce cheik Sinouhît, le Bédouin qui est né sur la terre des canaux, dans le delta.
S’il a fui, c’est par la crainte que tu lui as inspirée ; car celui qui voit ta face devient blême et l’œil qui te contemple a peur". La colère de Sa Majesté fut apaisée par ce chat.
Et Sa Majesté daigna dire aux enfants royaux : "Qu’il ne craigne plus ! Allez avec lui au Logis Royal et désignez-lui la place qu’il occupera.
Qu’on le mette parmi les gens du Cercle royal. Qu’il soit, comme par le passé, un Sage parmi les sages qui m’entourent".
Lorsque je sortis du Logis Royal, les enfants royaux me donnèrent la main et nous nous rendîmes à la double grande porte pour que j’y reçoive ma donation.
On m’assigna la maison d’un Fils Royal, avec ses richesses, avec sa salle de bain, ses décorations célestes, son ameublement venu du palais, les étoffes de la garde-robe royale et des parfums de choix.

Trois ou quatre fois par jour on m’apportait du Palais des friandises, de la viande, de la bière et du pain.
Me sentant tout rajeuni, je me rasai, je peignai mes cheveux que j’avais laissé pousser selon la coutume des Egyptiens quand ils sont à l’étranger ; je me débarrassai de la crasse étrangère et des vêtements étrangers ; puis je m’habillai de fin lin, je me parfumai d’essences de choix, je me couchai dans un lit.
Il n’y avait plus qu’à oublier les pays des sables et d’huile d’olive.
Et ensuite il fallut penser à ma future demeure, le tombeau où je devais habiter pour l’éternité. on fit pour moi une pyramide en pierre au milieu des pyramides funéraires.
Le chef des carriers de Sa Majesté choisit le terrain, le chef des peintre dessina la décoration, le chef des sculpteurs la sculpta, le chef des travaux de la nécropole parcourut toute la terre d’Egypte pour fournir le sarcophage, les tables d’offrandes, les coffrets, les statues du double en pierre et en métal, et toute sorte de mobilier.
Enfin on désigna les prêtres du Double, ceux qui devaient tenir le tombeau en ordre et faire toutes les cérémonies nécessaires.

Pour moi, j’ajoutai encore au mobilier et fis mes arrangements dans l’intérieur de la pyramide, et puis je donnai des terres aux environs de la ville pour constituer un domaine funéraire dont les revenus seraient consacrés à l’entretien de mon tombeau et à la nourriture de mon double pour qu’il vive heureux dans l’éternité.
Tout fut achevé magnifiquement. Sa Majesté elle-même se chargea de faire faire ma statue. Elle fut lamée d’or et on la revêtit d’une jupe de vermeil, comme il convient à un ami de Pharaon.
Je fus dans la faveur du Roi jusqu’au jour de mon trépas.

contes et poèmes egyptiens Statuette

FIN
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMer 3 Déc - 19:05

LA VIEILLE QUI GRAISSA LA PATTE DU NOMARQUE
.


Une vieille femme ne possédait à elle en tout et pour tout que deux chevres. C’est peu sans doute mais c’était beaucoup pour elle. Elle vivait de leur lait.

Un jour, hélas, les deux chevres, mal attachées, se sauvèrent ensemble ; le medjayou les trouva qui vagabondaient toutes seules en dehors du dommaine et il les emmena purement et simplement.

La vieille l’apprend, elle veut récupérer ses bêtes. Mais le medjayou ne veut rien savoir, alors même que la vieille accepte de payer l’amende : il n’a pas la preuve que les chevres sont bien à elle, dit-il !

Pauvre vieille ! Elle s’en retourne toute triste. Elle explique à sa voisine ce qui lui arrive.

« Et ! Je comprends, dit la voisine. Ces gens-là veulent toujours qu’on leur graisse la patte et ils s’entendent comme larron en foire. Si tu arrives à graisser la patte au nomarque, il parlera au medjayou, et on le croira, lui. Le medjayou te rendra tes chevres. »

La vieille rentre chez elle, elle est décidée. Elle prend un bon morceau de lard, elle attend le nomarque devant sa grande maison tout le temps qu’il faut. Lorsqu’il arrive, lorsqu’elle est sûre que c’est lui, là-bas, devant elle, qui pérore avec ses citoyens les mains derrière le dos, elle s’approche doucement sans se faire voir et elle lui graisse largement les paumes.

Le nomarque se retourne, il voit la vieille :

« -Mais, qu’est-ce que tu fais là, bonne femme ? lui dit-il.

-Seigneur, je vous graisse un peu pour ravoir mes chevres, vous savez les deux chevres qui s’étaient égarées. Elles sont à moi. »

Le nomarque n’est pas un mauvais homme, il éclate de rire :

« Ah ! la brave femme, dit-il. Tu n’as rien compris mais ça ne fais rien. Tu auras tes chevres, je te le promets ».

L’histoire finit bien, mais elle vous rappelle quelque chose que vous avez déjà remarqué, probablement. Même pour qu’on reconnaisse ses droits, le pauvre doit souvent payer. Est-ce juste ?

FIN
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeJeu 4 Déc - 13:32

L OUVRAGE

contes et poèmes egyptiens Maison1_mini
contes et poèmes egyptiens Fillecontes et poèmes egyptiens Magie%20egyptienne
Auprès de la demeure, la mère est à l’ouvrage…A ses pieds l’enfant joue et jette un œil sur son travail…
« Mère, comme ton ouvrage est sombre !
- laisse-moi, mon enfant, laisse-moi travailler et joue comme tu le fais, ne t’occupe pas de mon ouvrage… »
Les heures passent. L’ouvrage grandit d’heure en heure…
Les jours suivant, la mère continue de ses mains adroites…L’enfant la voit faire. La lumière est faible car en cette journée d’hivers, la pluie tombe.
« OH ! Maman ! Que ton ouvrage est sombre ! Met de la couleur ! Qu’il est triste ! » re-dit encore l’enfant.
La mère sourit :
« Laisse-moi travailler, quand j’aurai terminé, je te le montrerai. Joue et ne t’occupe pas de mon ouvrage »
Les semaines s’égrènent et presque chaque soir l’enfant fait une remarque à sa mère…
Les mois passent et c’est le printemps. Des violettes ont envahi le petit coin de mousse sur l’embrasure de la fenêtre. Le soleil est radieux.
La mère est à l’œuvre. Elle sait qu’elle n’a plus que quelques coups d’aiguilles…Voilà, c’est fait. Elle se tourne vers l’enfant. Le saisit par les mains et le pose sur ses genoux. Puis elle prend son ouvrage qu’elle déploie entre ses mains à la lumière du soleil…
« Regarde, j’ai terminé »
L’enfant écarquille de grands yeux qui en disent long sur son émerveillement…
« Ooooh ! Comme c’est beau, maman !
- Tu vois, tu ne pouvais pas voir tout cela, maintenant tu vois ! »Il en est de même du dessein de Pharaon…a ton niveau, tu ne peux voir tout l’ouvrage…

contes et poèmes egyptiens Img157

FIN
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeLun 8 Déc - 17:03

POEME : LA GLACE

contes et poèmes egyptiens Poemehiero

prononciation:

Ir qiet em pa ankh,
Nefer sou emem naï hesout,
Iryet as, ben sou dy !
Areq inek paï, meroutet, itjes oui

traduction :

Ton reflet dans la glace,
C'est mon plus beau poême,
vite , il s'éfface,
c'est mon denier je t'aime
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMar 9 Déc - 13:24

DIALOGUE D UN DESESPERE AVEC SON BA (AME)
Extrait du 2e chant

À qui parlerais-je aujourd'hui ?
Les désirs sont cupides
Il n'existe plus de cœur d'homme sur lequel on puisse s'appuyer.
À qui parlerais-je aujourd'hui ?
Il n'y a plus de justes
Le pays est laissé aux faiseurs d'iniquité.
À qui parlerais-je aujourd'hui ?
On est privé d'ami
On recourt à un inconnu pour exhaler sa plainte auprès de lui.

CHANT POUR ANTEF


Personne ne revient du lieu (où ils se trouvent)
pour nous dire comment ils sont,
pour nous dire de quoi ils manquent,
afin d'apaiser nos cœurs,
jusqu'à ce que nous allions, (à notre tour),
là où ils sont allés.
Aussi, que ton cœur soit heureux,
qu'il oublie que, un jour, tu deviendras un akh.
Suis ton désir, tout le temps de ta vie...

Refrain :

Fais un jour heureux, sans te lasser !
Vois, personne n'emporte ses biens avec lui.
Vois, personne n'est revenu après s'en être allé.


contes et poèmes egyptiens 0105b
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMer 10 Déc - 13:39

L'AVENTURE DE SATNI-KHâMOÎS AVEC LES MOMIES


page 1

contes et poèmes egyptiens Ptah
contes et poèmes egyptiens Article731pv

Il y avait une fois un roi, nommé Ousimarès, et ce roi avait un fils nommé Satni-Khâmoîs et le frère de lait de Satni-Khâmoîs s'appelait Inarôs de son nom.
Et Satni-Khâmoîs était fort instruit en toutes choses.
Il passait son temps à courir la nécropole de Memphis pour y lire les livres en écriture sacrée, et les livres de la Double maison de vie , et les ouvrages qui sont gravés sur les stèles et sur les murs des temples; il connaissait les vertus des amulettes et des talismans, il s'entendait à les composer et à rédiger des écrits puissants, car c'était un magicien qui n'avait point son pareil en la terre d'Égypte.

Or, un jour qu'il se promenait sur le parvis du temple de Ptah lisant les inscriptions, voici, un homme de noble allure qui se trouvait là se prit à rire.
Satni lui dit:
«Pourquoi te ris-tu de moi?»
Le noble dit:
«Je ne ris point de toi; mais puis-je m'empêcher de rire quand tu déchiffres ici des écrits qui n'ont aucune puissance ?
Si vraiment tu désires lire un écrit efficace, viens avec moi; je te ferai aller au lieu où est ce livre que Thot a écrit de sa main lui-même, et qui te mettra immédiatement au-dessous des dieux. Les deux formules qui y sont écrites, si tu en récites la première, tu charmeras le ciel, la terre, le monde de la nuit, les montagnes, les eaux; tu comprendras ce que les oiseaux du ciel et les reptiles disent tous quand ils sont; tu verras les poissons, car une force divine les fera monter à la surface de l'eau.
Si tu lis la seconde formule, encore que tu sois dans la tombe, tu reprendras la forme que tu avais sûr la terre; même tu verras le soleil se levant au ciel, et son cycle de dieux, la lune en la forme qu'elle à lorsqu'elle paraît».
Satni dit:
«Par la vie! qu'on nie dise ce que tu souhaites et je te le ferai donner; mais mène-moi au lieu où est le livre !»
Le noble dit à Satni:
«Le livre en question n'est pas mien. Il est au milieu de la nécropole, dans la tombe de Nénoferképhtah, fils du roi Mérénephthis.
Garde-toi bien de lui enlever ce livre, car il te le ferait rapporter, une fourche et un bâton à la main, un brasier allumé sur la tête».
Sur l'heure que le noble parla à Satni, celui-ci ne sut plus en quel endroit du monde il se trouvait; il alla devant le roi, et il dit devant le roi toutes les paroles que le noble lui avait dites.
Le roi lui dit:
«Que désires-tu?»
Il lui dit:
«Permets que je descende dans le tombeau de Nénoferképhtah, fils du roi Mérénephthis . Je prendrai Inarôs, mon frère de lait, avec moi, et je rapporterai ce livre».
Il se rendit à la nécropole de Memphis, avec Inarôs, son frère de lait.
Ils passèrent trois jours et trois nuits à chercher parmi les tombes qui sont dans la nécropole de Memphis, lisant les stèles de la Double maison de vie, récitant les inscriptions qu'elles portaient; le troisième jour, ils connurent l'endroit où reposait Nénoferképhtah.
Lorsqu'ils eurent reconnu l'endroit où reposait Nénoferképhtah, Satni récita sur lui un écrit et, un vide se fit dans la terre, et Satni descendit vers lé lieu où était le livre .
Il était clair comme si le soleil y entrait, car la lumière sortait du livre et elle éclairait tout alentour .
Et Nénoferképhtah n'était pas seul dans la tombe, mais sa femme Ahouri et Maîhêt , son fils, étaient avec lui; car, bien que leurs corps reposassent à Coptos, leur double était avec lui par la vertu du livre de Thot.
Et, quand Satni pénétra dans la tombe, Ahouri se dressa et lui dit:
«Toi, qui es-tu?» Il dit: «Je suis Satni-Khâmoîs, fils du roi Ousimarès,.: je suis venu pour avoir ce livre de Thot, que j'aperçois entre toi et Nénoferképhtah.
Donne-le moi, sinon, je te le prendrai de force».
Ahouri dit:
«Je t'en prie, ne t'emporte point, mais écoute plutôt tous les malheurs qui me sont arrivés à cause de ce livre dont tu dis:
«Qu'on me le donne !»
Ne dis point cela, car à cause de lui, on nous a pris le temps que nous avions à rester sur terre.
«Je m'appelle Ahouri, fille du roi Mérénephthis, , et celui que tu vois là, à côté de moi, est mon frère Nénoferképhtah.
Nous sommes nés d'un même père et d'une même mère, et nos parents n'avaient point d'autres enfants que nous.
Quand vint l'âge de me marier, on m'amena devant le roi au moment de se divertir devant le roi : j'étais très parée, et l'on me trouva belle.
Le roi dit:
«Voici qu'Ahouri, notre fille, est déjà grande, et le temps est venu de la marier.
Avec qui marierons-nous Ahouri, notre fille?»
Or, j'aimais Nénoferképhtah mon frère, extrêmement, et je ne désirais d'autre mari que lui .
Je le dis à ma mère, elle alla trouver le roi Mérénephthis, elle lui dit:
«Ahouri, notre fille, aime Nénoferképhtah, son frère aîné: marions-les ensemble, comme c'est la coutume».
Quand le roi entendit toutes les paroles que ma mère avait dites, il dit:
«Tu n'as eu que deux enfants, et tu veux les marier l'un avec l'autre ? Ne vaut-il pas mieux marier Ahouri avec le fils d'un général d'infanterie et Nénoferképhtah avec la fille d'un autre général d'infanterie ?»
Elle dit:
«C'est toi qui me querelles ? Même si je n'ai pas d'enfants après ces deux enfants-là, n'est-ce pas la loi de les marier l'un à l'autre? — Je marierai Nénoferképhtah avec la fille d'un chef de troupes, et Ahouri avec le fils d'un autre chef de troupes, et puisse cela tourner à bien pour notre famille !»
Quand ce fut le moment de faire fête devant Pharaon, voici, on vint me chercher, on m'amena à la fête; j'étais très troublée et je n'avais plus ma mine de la veille.
Or Pharaon me dit: «Est-ce pas toi qui as envoyé vers moi ces sottes paroles: «Marie-moi avec Nénoferképhtah mon frère aîné ?»
Je lui dis:
«Eh bien ! qu'on me marie avec le fils d'un général d'infanterie, et qu'on marie Nénoferképhtah avec la fille d'un autre général d'infanterie, et puisse cela tourner à bien pour notre famille!»
Je ris, Pharaon rit, Pharaon dit au chef de la maison royale:
«Qu'on emmène Ahouri à la maison de Nénoferképhtah cette nuit même. Qu'on emporte toute sorte de beaux cadeaux avec elle».
Ils m'emmenèrent comme épouse à la maison de Nénoferképhtah, et Pharaon ordonna qu'on m'apportât un grand douaire en or et en argent et tous les gens de la maison royale me les présentèrent.
Nénoferképhtah passa un jour heureux avec moi; il reçut tous les gens de la maison royale, et il dormit avec moi cette nuit même, et il me trouva vierge, et il me connut encore et encore, car chacun de nous aimait l'autre.
Quand vint le temps de mes purifications, voici, je n'eus pas de purifications à faire.
On l'alla annoncer à Pharaon, et son cœur s'en réjouit beaucoup, et il fit prendre toute sorte d'objets précieux sur les biens de la maison royale, et il me fit apporter de très beaux cadeaux en or, en argent, en étoffes de fin lin.
Quand vint pour moi le temps d'enfanter, j'enfantai ce petit enfant qui est devant toi.
On lui donna le nom de Maîhêt, et on l'inscrivit sur les registres de la Double maison de vie .
«Et beaucoup de jours après cela, Nénoferképhtah, mon frère, semblait n'être sur terre que pour se promener dans la nécropole de Memphis, récitant les écrits qui sont dans les tombeaux des Pharaons, et les stèles des scribes de la Double maison de vie, ainsi que les écrits qui sont tracés sur elles, car il s'intéressait aux écrits extrêmement.
Après cela, il y eut une procession en l'honneur du dieu Phtah, et Nénoferképhtah entra au temple pour prier. Or tandis qu'il marchait derrière la procession, déchiffrant les écrits qui sont sur les chapelles des dieux, un vieillard l'aperçut et rit. Nénoferképhtah lui dit:
«Pourquoi te ris-tu de moi ?»
Le prêtre dit:
«Je ne me ris point de toi; mais puis-je m'empêcher de rire, quand tu lis ici des écrits qui n'ont aucune puissance ? Si vraiment tu désires lire un écrit, viens à moi, je te ferai aller au lieu où est ce livre que Thot écrivit de sa main lui-même, lorsqu'il vint ici-bas à la suite des dieux.
Les deux formules qui y sont écrites, si tu récites la première, tu charmeras le ciel, la terre, le monde de la nuit, les montagnes, les eaux; tu comprendras ce que les oiseaux du ciel et les reptiles disent, tous quand ils sont; tu verras les poissons de l'abîme, car une force divine posera sur l'eau au-dessus d'eux.


Dernière édition par irislabelle le Mer 10 Déc - 14:38, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMer 10 Déc - 13:41

L'AVENTURE DE SATNI-KHâMOÎS AVEC LES MOMIES


page 2

contes et poèmes egyptiens Xi_egyptevoilenil

Si tu lis la seconde formule, encore que tu sois dans la tombe, tu reprendras la forme que tu avais sur terre; même tu verras le soleil se levant au ciel avec son cycle de dieux, et la lune en la forme qu'elle a lorsqu'elle paraît ».
Nénoferképhtah dit au prêtre:
«Par la vie du roi ! qu'on me dise ce que tu souhaites de bon, et je te le ferai donner si tu me mènes au lieu où est ce livre»
. Le prêtre dit à Nénoferképhtah:
«Si tu désires que je t'envoie au lieu où est ce livre, tu me donneras cent pièces d'argent pour ma sépulture, et tu me feras faire deux cercueils de prêtre riche».
«Nénoferképhtah appela un page et il commanda qu'on donnât les cent pièces d'argent au prêtre puis il lui fit faire les deux cercueils qu'il désirait; bref, il accomplit tout ce que le prêtre avait dit.
Le prêtre dit à Nénoferképhtah
: «Le livre en question est au milieu de la mer de Coptos , dans un coffret de fer.
Le coffret de fer est dans un coffret de bronze; le coffret de bronze est dans un coffret de bois de cannelier ; le coffret de bois de cannelier est dans un coffret d'ivoire et d'ébène; le coffret d'ivoire et d'ébène est dans un coffret d'argent; le coffret d'argent est dans un coffret d'or, et le livre est dans celui-ci .
Et il y a un schœne de serpents, de scorpions et de toute sorte de reptiles autour du coffret dans lequel est le livre, et il y a un serpent immortel enroulé autour du coffret en question».
«Sur l'heure que le prêtre parla à Nénoferképhtah, celui-ci ne sut plus en quel endroit du monde il se trouvait. Il sortit du temple, il s'entretint avec moi de tout ce qui lui était arrivé, il me dit:
«Je vais à Coptos, j'en rapporterai ce livre, puis je ne m'écarterai plus du pays du Nord».
Or, je m'élevai contre le prêtre, disant: «Prends garde à Amon pour toi-même, à cause de ce que tu as dit à Nénoferképhtah.
Car tu m'as amené la querelle, tu m'as apporté la guerre, et le pays de Thébaïde, je le trouve hostile à mon bonheur (1)».
Je levai ma main vers Nénoferképhtah pour qu'il n'allât pas à Coptos, mais il ne m'écouta pas, il alla devant Pharaon, et il dit devant Pharaon toutes les paroles que le prêtre lui avait dites.
Pharaon lui dit:
«Quel est le désir de ton cœur ?»
Il lui dit:
«Qu'on me donne la cange royale tout équipée. Je prendrai Ahouri, ma sœur, et Maîhêt, son petit enfant, au midi, avec moi; j'apporterai ce livre et je ne m'écarterai plus d'ici».
On lui donna la cange tout équipée, nous nous embarquâmes sur elle, nous fîmes le voyage, nous arrivâmes à Coptos.
Quand on l'annonça aux prêtres d'Isis de Coptos et au supérieur des prêtres d'Isis, voici qu'ils descendirent devant nous: ils se rendirent sans tarder au-devant de Nénoferképhtah, et leurs femmes descendirent au-devant de moi .
Nous débarquâmes et nous allâmes au temple d'Isis et d'Harpocrate.
Nénoferképhtah fit venir un taureau, une oie, du vin, il présenta une offrande et une libation devant Isis de Coptos et Harpocrate; puis on nous emmena dans une maison, qui était fort belle et pleine de toute sorte de bonnes choses.
Nénoferképhtah passa cinq jours à, se divertir avec les prêtres d'Isis de Coptos, tandis que les femmes des prêtres d'Isis de Coptos se divertissaient avec moi.
Arrivé le matin de notre jour suivant, Nénoferképhtah fit apporter de la cire pure en grande
quantité devant lui: il en fabriqua une barque remplie de ses rameurs et de ses matelots, il récita un grimoire sur eux, il les anima; il leur. donna la respiration; il les jeta à l'eau
Il remplit la cange royale de sable, il prit congé de moi , il s'embarqua et je m'installai moi-même sur la mer de Coptos, disant:
«Je saurai ce qu'il lui arrive !»
Il dit:
«Rameurs, ramez pour moi jusques au lieu où est ce livre», et ils ramèrent pour lui, la nuit comme le jour.
Quand il y fut arrivé en trois jours, il jeta du sable devant lui et un vide se produisit dans le fleuve.
Lorsqu'il eut trouvé un schœne de serpents, de scorpions et de toute sorte de reptiles autour du coffret où se trouvait le livre, et qu'il eut reconnu un serpent éternel autour du coffret lui-même, il récita un grimoire sur le schœne de serpents, de scorpions et de reptiles qui était autour du coffret et il les rendit immobiles .
Il vint à l'endroit où le serpent éternel se trouvait, il fit assaut avec lui, il le tua: le serpent revint à la vie et reprit sa forme de nouveau.
Il fit assaut avec le serpent une seconde fois, il le tua: le serpent revint encore à la vie. Il fit assaut avec le serpent une troisième fois, il le coupa en deux morceaux, il mit du sable entre morceau et morceau: le serpent mourut, et il ne reprit point sa forme d'auparavant.
Nénoferképhtah alla au lieu où était le coffret, et il reconnut que c'était un coffret de fer. Il l'ouvrit, et il trouva un coffret de bronze.
Il l'ouvrit, et il trouva un coffret en bois de cannelier.
Il l'ouvrit, et il trouva un coffret d'ivoire et d'ébène. Il l'ouvrit, et il trouva un coffret d'argent. Il l'ouvrit, et il trouva un coffret d'or
Il l'ouvrit, et il reconnut que le livre était dedans.
Il tira le livre en question hors le coffret d'or et il récita une formule de ce qui y était écrit: il enchanta le ciel, la terre, le monde de la nuit, les montagnes, les eaux; il comprit tout ce que disaient les oiseaux du ciel, les poissons de l'eau, les quadrupèdes de la montagne.
Il récita l'autre formule de l'écrit et il vit le soleil qui montait au ciel avec son cycle de dieux, la lune levante, les étoiles en leur forme; il vit les poissons de l'abîme, car une force divine posait sur l'eau au-dessus d'eux.
Il récita un grimoire sur l'eau et il lui fit reprendre sa forme première.
Il s'embarqua de nouveau; il dit aux rameurs: «Ramez pour moi jusqu' au lieu où est Ahouri».
Ils ramèrent pour lui, la nuit comme le jour.
Quand il fut arrivé à l'endroit où j'étais, en trois jours, il me trouva assise près la mer de Coptos: je ne buvais ni ne mangeais, je ne faisais chose du monde, j'étais comme une personne arrivée à la Bonne Demeure .
Je dis à Nénoferképhtah:
«Par la vie du roi! donne que je voie ce livre, pour lequel nous avons pris toutes ces peines».
Il me mit le livre en main.
Je lus une formule de l'écrit qui y était: j'enchantai le ciel, la terre, le monde de la nuit, les montagnes, les eaux; je compris tout ce que disaient les oiseaux du ciel, les poissons de l'abîme, les quadrupèdes.
Je récitai l'autre formule de l'écrit: je vis le soleil qui apparaissait au ciel avec son cycle de dieux, je vis la lune levante et toutes les étoiles du ciel en leur forme.
Je vis les poissons de l'eau, car il y avait une force divine qui posait sur l'eau au-dessus d'eux. Comme je ne savais pas écrire, je le dis à Nénoferképhtah, mon frère aîné, qui était un scribe accompli et un homme fort savant; il se fit apporter un morceau de papyrus vierge, il y écrivit toutes les paroles qu'il y avait dans le livre, il l'imbiba de bière, il fit dissoudre le tout dans de l'eau.
Quand il reconnut que le tout était dissous, il but et il sut tout ce qu'il y avait dans l'écrit .
«Nous retournâmes à Coptos le jour même, et nous nous divertîmes devant Isis de Coptos et Harpocrate.
Nous nous embarquâmes, nous partîmes, nous parvînmes au nord de Coptos, la distance d'un schœne.

contes et poèmes egyptiens Gl_thot

Or voici, Thot avait appris tout ce qui était arrivé à Nénoferképhtah au sujet de ce livre, et Thot ne tarda pas à plaider par devant Râ, disant:
«Sache que mon droit et ma loi sont avec Nénoferképhtah, fils du roi Mérénephthis, .
Il a pénétré dans mon logis, il l'a pillé, il a pris mon coffret avec mon livre d'incantations, il a tué mon gardien qui veillait sur le coffret.».
On lui dit:
«Il est à toi, lui et tous les siens, tous».
On fit descendre du ciel une force divine, disant:
«Que Nénoferképhtah n'arrive pas sain et sauf à Memphis, lui et quiconque est avec lui».
A cette heure même, Maîhêt, le jeune enfant, sortit de dessous le tendelet de la cange de Pharaon , il tomba au fleuve, et, tandis qu'il louait Râ , quiconque était à bord poussa un cri.
Nénoferképhtah sortit de dessous la cabine; il récita un grimoire sur l'enfant et il le fit remonter, car il y eut une force divine qui posa sur l'eau au-dessus de lui.
Il récita un grimoire sur lui, il lui fit raconter tout ce qui lui était arrivé, et l'accusation que Thot avait portée devant Râ. Nous retournâmes à Coptos avec lui, nous le fîmes conduire à la Bonne Demeure, nous veillâmes à ce qu'on prit soin de lui, nous le fîmes embaumer comme il convenait à un grand, nous le déposâmes, dans son cercueil, au cimetière de Coptos.


Dernière édition par irislabelle le Mer 10 Déc - 14:18, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMer 10 Déc - 13:43

L'AVENTURE DE SATNI-KHâMOÎS AVEC LES MOMIES


page 3
contes et poèmes egyptiens 14838

Nénoferképhtah, mon frère, dit:
«Partons, ne tardons pas de revenir avant que le roi entende ce qui nous est arrivé, et que son cœur soit troublé à ce sujet».
Nous nous embarquâmes, nous partîmes, nous ne tardâmes pas à arriver au nord de Coptos, la distance d'un schœne, à l'endroit où le petit enfant Maîhêt était tombé au fleuve.
Je sortis de dessous le tendelet de la cange de Pharaon, je tombai au fleuve, et, tandis que je louai Râ, quiconque était à bord poussa un cri.
On le dit à Nénoferképhtah et il sortit de dessous le tendelet de la cange de Pharaon.
Il récita un grimoire sur moi et il me fit monter, car il y eut une force divine qui posa sur l'eau au-dessus de moi. 11 me fit retirer du fleuve, il lut un grimoire sur moi, il me fit raconter tout ce qui m'était arrivé et l'accusation que Thot avait portée devant Râ.
Il retourna à Coptos avec moi, il me fit conduire à la Bonne Demeure, il veilla à ce qu'on prît soin de moi, il me fit embaumer comme il convenait à quelqu'un de très grand, il me fit déposer dans le tombeau où était déjà déposé Maîhêt, le petit enfant.
Il s'embarqua, il partit, il ne tarda pas à arriver au nord de Coptos, la distance d'un schœne, à l'endroit où nous étions tombés au fleuve.
Il s'entretint avec son cœur, disant:
«Ne vaudrait-il pas mieux aller à Coptos et m'y établir avec eux ?
Si, au contraire, je retourne à Memphis sur l'heure et que Pharaon m'interroge au sujet de ses enfants, que lui dirai-je?
Pourrai-je lui dire ceci:
«J'ai pris tes enfants avec moi vers le nome de Thèbes, je les ai tués et je vis, je reviens à Memphis vivant encore».
Il se fit apporter une pièce de fin lin royal qui lui appartenait, il en façonna une bande magique, il en lia le livre, il le mit sur sa poitrine et il l'y fixa solidement .
Nénoferképhtah sortit de dessous le tendelet de la cange de Pharaon, il tomba à l'eau, et, tandis qu'il louait Râ, quiconque était à bord poussa un cri disant:
«O quel grand deuil, quel deuil lamentable! N'est-il point parti le scribe excellent, le savant qui n'avait point d'égal !»
«La cange de Pharaon fit son voyage, avant que personne au monde sût en quel endroit était Nénoferképhtah.
Quand on arriva à Memphis, on l'annonça à Pharaon et Pharaon descendit au-devant de la cange: il était en manteau de deuil, et la garnison de Memphis était tout entière en manteaux de deuil, ainsi que les prêtres de Phtah, le grand -prêtre de Phtah et tous les gens de l'entourage de Pharaon .
Et voici, ils aperçurent Nénoferképhtah qui était accroché aux rames -gouvernail de la cange de Pharaon, par sa science de scribe excellent ; on l'enleva, on vit le livre sur sa poitrine, et Pharaon dit:
«Qu'on ôte ce livre qui est sur sa poitrine».
Les gens de l'entourage de Pharaon ainsi que les prêtres de Phtah et le grand -prêtre de Phtah dirent devant le roi: «O notre grand maître — puisse-t-il avoir la durée de Râ ! — c'est un scribe excellent, un homme très savant que Nénoferképhtah »
Pharaon le fit introduire dans la Bonne Demeure l'espace de seize jours, revêtir d'étoffes l'espace de trente-cinq jours, ensevelir l'espace de soixante-dix jours; puis on le fit déposer dans sa tombe parmi les demeures de repos.
«Je t'ai conté tous les malheurs qui nous sont arrivés à cause de ce livre dont tu dis:
«Qu'on me le donne !»
Tu n'as aucun droit sur lui, car, à cause de lui, on nous a pris le temps que nous avions à rester sur la terre».
Satni dit:
«Ahouri, donne-moi ce livre que j'aperçois entre toi et Nénoferképhtah, sinon je te le prends par force». Nénoferképhtah se dressa sur le lit et dit:
«N'es-tu pas Satni à qui cette femme a conté tous ces malheurs que tu n'as pas éprouvés ?
Ce livre en question, es-tu capable de t'en emparer par pouvoir de scribe excellent ou par ton habileté à jouer contre moi ? Jouons-le à nous deux ».
Satni dit:
«Je tiens».
Voici qu'on apporta la brette devant eux avec ses chiens, et ils jouèrent à eux deux
. Nénoferképhtah gagna une partie à Satni, il récita son grimoire sur lui, il plaça sur lui la brette à jouer qui était devant lui, et il le fit entrer dans le sol jusqu'aux jambes .
Il agit de même à la seconde partie, il la gagna à Satni et il le fit entrer dans le sol jusqu'à l'aine.
Il agit de même à la troisième partie, et il fit entrer Satni dans le sol jusqu'aux oreilles.
Après cela, Satni attaqua Nénoferképhtah de sa main, Satni appela Inarôs, son frère de lait, disant:
«Ne tarde pas à remonter sur la terre, raconte tout ce qui m'arrive par devant Pharaon, et apporte-moi les talismans de mon père Phtah ainsi que mes livres de magie».
Il remonta sans tarder sur la terre, il raconta devant Pharaon tout ce qui arrivait à Satni, et Pharaon dit:
«Apporte-lui les talismans de Phtah, son père, ainsi que ses livres d'incantations».
Inarôs descendit sans tarder dans la tombe; il mit les talismans sur le corps de Satni et celui-ci s'éleva de terre à l'heure même.
Satni porta la main vers le livre et il le saisit; et quand Satni remonta hors de la tombe, la lumière marcha devant lui et l'obscurité marcha derrière lui .
Ahouri pleura après lui, disant:
«Gloire à toi, ô l'obscurité! Gloire à toi, ô la lumière ! Tout s'en est allé, tout ce qu'il y avait dans notre tombeau ».
Nénoferképhtah dit à Ahouri:
«Ne te tourmente point. Je lui ferai rapporter ce livre par la suite, un bâton fourchu à la main, un brasier allumé sur la tète ».
Satni remonta hors du tombeau et il le referma derrière lui, comme il était auparavant.
Satni alla par devant Pharaon et il raconta à Pharaon tout ce qui lui était arrivé au sujet du livre.
Pharaon dit à Satni:
«Remets ce livre au tombeau de Nénoferképhtah en homme sage; sinon il te le fera rapporter, un bâton fourchu à la main, un brasier allumé sur la tête».
Mais Satni ne l'écouta point; il n'eut plus d'occupation au monde que de déployer le rouleau, et de lire par devant n'importe qui .
Après cela, il arriva, un jour que Satni se promenait sur le parvis du temple de Phtah, il vit une femme, fort belle, car il n'y avait femme qui l'égalât en beauté ; elle avait beaucoup d'or sur elle, et il y avait des jeunes filles qui marchaient derrière elle, et il y avait des domestiques au nombre de cinquante-deux avec elle .
L'heure que la vit Satni, il ne sut plus l'endroit du monde où il était.
Satni appela son page , disant:
«Ne tarde pas d'aller à l'endroit où est cette femme, et sache quelle est sa condition».
Point ne tarda le jeune page d'aller à l'endroit où était la femme.
Il interpella la suivante qui marchait derrière elle, et il l'interrogea, disant:
«Quelle personne est-ce ?»
Elle lui dit:
«C'est Tboubouî, fille du prophète de Bastît, dame d'Ankhoutaoui , qui s'en va maintenant pour faire sa prière devant Phtah, le dieu grand».
Quand le jeune homme fut revenu vers Satni, il raconta toutes les paroles qu'elle lui avait dites sans exception. Satni dit au jeune homme:
«Va-t'en dire à la suivante ceci: Satni-Khâmoîs, fils du Pharaon Ousimarès, est qui m'envoie, disant:
«Je te donnerai dix pièces d'or pour que tu passes une heure avec moi .
S'il y a nécessité de recourir à la violence, il le fera et il t'entraînera dans un endroit caché où personne au monde ne te trouvera».
Quand le jeune homme fut revenu à l'endroit où était Tboubouî, il interpella la servante et il parla avec elle: elle s'exclama contre ses paroles, comme si c'était insulte de les dire.
Tboubouî dit au jeune homme:
«Cesse de parler à cette vilaine fille; viens et me parle».
Le jeune homme approcha de l'endroit où était Tboubouî, il lui dit:
«Je te donnerai dix pièces d'or pour que tu passes une heure avec Satni-Khâmoîs, le fils du Pharaon Ousimarès. S'il y a nécessité de re-courir à la violence, il le fera et il t'entraînera dans un «endroit caché où personne au monde ne te trouvera».
Tboubouî dit:
«Va dire à Satni:
«Je suis une hiérodule, je ne suis pas une personne vile. S'il est que tu désires avoir ton plaisir de moi, tu viendras à Bubaste dans ma maison. Tout y sera prêt, et tu feras ton plaisir de moi, sans que personne au monde me devine, et sans que je fasse action d'une fille de la rue».
Quand le page fut revenu auprès de Satni, il lui répéta toutes les paroles qu'elle avait dites sans exception, et celui-ci dit:
«Voici qui me satisfait», mais quiconque était avec Satni se mit à jurer.
Satni se fit amener un bateau, il s'y embarqua et il ne tarda pas d'arriver à Bubaste.
Il alla à l'occident de la ville, jusqu'à ce qu'il rencontrât une maison qui était fort haute: il y avait un mur tout à l'entour, il y avait un jardin du côté du nord, il y avait un perron sur le devant.
Satni s'informa, disant: «Cette maison, la maison de qui «est-ce ?»
On lui dit:
«C'est la maison de Tboubouî».
Satni pénétra dans l'enceinte et il s'émerveilla du pavillon situé dans le jardin , tandis qu'on prévenait
Tboubouî; elle descendit, elle prit la main de Satni et elle lui dit:
«Par la vie ! le voyage à la maison du prêtre de Bastît, dame d'Ankhoutaoui, à laquelle te voici arrivé, m'est fort agréable.
Viens en haut avec moi».
Satni se rendit en haut, par l'escalier de la maison, avec Tboubouî.
Il trouva l'étage supérieur de la maison sablé et poudré d'un sable et d'une poudre de lapis-lazuli vrai et de turquoise vraie ; il y avait là plusieurs lits, tendus d'étoffes de lin royal, aussi de nombreuses coupes eh or sur le guéridon.
On remplit de vin une coupe d'or, on la mit dans la main de Satni, et Tboubouî lui dit:
«Te plaise faire ton repas».
Il lui dit:
«Ce n'est pas là ce que je veux faire»
. Ils mirent du bois parfumé sur le feu, ils apportèrent des odeurs du genre de celles dont on approvisionne Pharaon, et Satni fit un jour heureux avec Tboubouî, car il n'avait jamais encore vu sa pareille.
Alors Satni dit à Tboubouî:
«Accomplissons ce pourquoi nous sommes venus ici».
Elle liai dit:
«Tu arriveras à ta maison, celle où tu es. Mais moi, je suis une hiérodule , je ne suis pas une personne vile. S'il est que tu désires avoir ton plaisir de moi, tu me feras un acte de nourriture et un acte d'argent sur toutes les choses et sur tous les biens qui sont à toi ».
Il lui dit:
«Qu'on amène le scribe de l'école».
On l'amena sur l'instant, et Satni fit faire au bénéfice de Tboubouî un acte pour son entretien et il lui constitua par écrit un douaire de toutes les choses, tous les biens qui étaient à lui.
Une heure passée, on vint annoncer ceci à Satni:
«Tes enfants sont en bas».
Il dit:
«Qu'on les fasse monter».
Tboubouî se leva, elle revêtit une robe de lin fin et Satni vit tous ses membres au travers, et son désir alla croissant plus encore qu'auparavant.
Satni dit à Tboubouî:
«Que j'accomplisse ce pourquoi je suis venu à présent».
Elle lui dit:
«Tu arriveras à ta maison, celle où tu es, Mais moi, je suis une hiérodule, je ne suis pas une personne vile. S'il est que tu désires avoir ton plaisir de moi, tu feras souscrire tes enfants à mon écrit, afin qu'ils ne cherchent point querelle à mes enfants au sujet de tes biens».
Satni fit amener ses enfants et il les fit souscrire à l'écrit.
Satni dit à Tboubouî:
«Que j'accomplisse ce pourquoi je suis venu à présent».
Elle lui dit:
«Tu arriveras à ta maison, celle où tu es. Mais moi, je suis une hiérodule, je ne suis pas une personne vile. S'il est que tu désires avoir ton plaisir de moi, tu feras tuer tes enfants, afin qu'ils ne cherchent point querelle à mes enfants au sujet de tes biens».
Satni dit:
«Qu'on commette sur eux le crime dont le désir t'est entré au cœur».
Elle fit tuer les enfants de Satni devant lui, elle les fit jeter en bas de la fenêtre aux chiens et aux chats , et ceux-ci en mangèrent les chairs, et il les entendit pendant qu'il buvait avec Tboubouî.


Dernière édition par irislabelle le Mer 10 Déc - 13:59, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitimeMer 10 Déc - 13:45

L'AVENTURE DE SATNI-KHâMOÎS AVEC LES MOMIES

page 4

Satni dit à Tboubouî:
«Accomplissons ce pourquoi nous sommes venus ici, car tout ce que tu as dit devant moi, on l'a fait pour toi».
Elle lui dit:
«Rends-toi dans cette chambre».
Satni entra dans la chambre, il se coucha sur un lit d'ivoire et d'ébène, afin que son amour reçût récompense, et Tboubouî se coucha aux côtés de Satni.
Il allongea sa main pour la toucher: elle ouvrit sa bouche largement et elle poussa un grand cri .
Lorsque Satni revint à lui, il était dans une chambre de four sans aucun vêtement sur le dos .
Une heure passée, Satni aperçut un homme très grand , monté sur une estrade, avec nombre de gens sous ses pieds, car il avait la semblance d'un Pharaon.

contes et poèmes egyptiens Pharaon

Satni alla pour se lever, mais il ne pût se lever de honte, car il n'avait point de vêtement sur le dos.
Le Pharaon dit:
«Satni, qu'est-ce que cet état dans lequel tu es?»
Il dit:
«C'est Nénoferképhtah qui m'a fait faire tout cela».
Le Pharaon dit:
«Va à Memphis. Tes enfants, voici qu'ils te désirent, voici qu'ils se tiennent devant Pharaon».
Satni dit devant le Pharaon:
«Mon grand maître, le roi, — puisse-t-il avoir la durée de Râ! — quel moyen d'arriver à Memphis, si je n'ai aucun vêtement du monde sur mon dos?»
Pharaon appela un page qui se tenait à côté de lui, et il lui commanda de donner un vêtement à Satni. Pharaon dit:
«Satni, va à Memphis. Tes enfants, voici qu'ils vivent, voici qu'ils se tiennent devant le roi ».
Satni alla à Memphis; il embrassa avec joie ses enfants, car ils étaient en vie .
Pharaon dit:
«Est-ce point l'ivresse qui t'a fait faire tout cela?»
Satni conta tout ce qui lui était arrivé avec Tboubouî et Nénoferképhtah. Pharaon dit:
«Satni, je suis déjà venu à ton aide, disant:
«On te tuera, à moins que tu ne rapportes ce livre au lieu d'où tu l'as apporté pour toi»; mais tu ne m'as pas écouté jusqu'à cette heure.
Maintenant rapporte le livre à Nénoferképhtah, un bâton fourchu dans ta main, un brasier allumé sur ta tète».
Satni sortit de devant Pharaon, une fourche et un bâton dans la main, un brasier allumé sur sa tête, et il descendit dans la tombe où était Nénoferképhtah.
Ahouri lui dit:
«Satni, c'est Phtah, le dieu grand, qui t'amène ici sain et sauf! »
Nénoferképhtah rit, disant:
«C'est bien ce que je t'avais dit auparavant.»
Satni se mit à causer avec Nénoferképhtah, et il s'aperçut que, tandis qu'ils parlaient, le soleil était dans la tombe entière.
Ahouri et Nénoferképhtah causèrent avec Satni beaucoup.
Satni dit:
«Nénoferképhtah, n'est-ce pas quelque chose d'humiliant que tu demandes ?»
Nénoferképhtah dit:
«Satni, tu sais ceci, à savoir, Ahouri et Maîhêt, son enfant, sont à Coptos et aussi dans cette tombe, par art de scribe habile.
Qu'il te soit ordonné de prendre peine, d'aller à Coptos et de les rapporter ici ».
Satni remonta hors de la tombe; il alla devant Pharaon, il conta devant Pharaon tout ce que lui avait dit Nénoferképhtah.
Pharaon dit:
«Satni, va à Coptos et rapporte Ahouri et Maîhêt, son enfant».
Il dit devant Pharaon:
«Qu'on me donne le cange de Pharaon et son équipement».
On lui donna la cange de Pharaon et son équipement, il s'embarqua, il partit, il ne tarda pas d'arriver à Coptos.
On en informa les prêtres d'Isis de Coptos et le grand- prêtre d'Isis: voici qu'ils descendirent au-devant de lui, ils descendirent au rivage.
Il débarqua, il alla au temple d'Isis de Coptos et d'Harpocrate.
Il fit venir un taureau, des oies, du vin, il fit un holocauste et une libation devant Isis de Coptos et Harpocrate. Il alla au cimetière de Coptos avec les prêtres d'Isis et le grand- prêtre d'Isis.
Ils passèrent trois jours et trois nuits à chercher parmi les tombes qui sont dans la nécropole de Coptos, remuant les stèles des scribes de la double maison de vie, récitant les inscriptions qu'elles portaient; ils ne trouvèrent pas les chambres où reposaient Ahouri et Maîhêt, son enfant.
Nénoferképhtah le sut qu'ils ne trouvaient point les chambres où reposaient Ahouri et Maîhêt, son enfant.
Il se manifesta sous la forme d'un vieillard, un prêtre très avancé en âge, et il se présenta au-devant de Satni .
Satni le vit, Satni dit au vieillard:
«Tu as semblance d'homme avancé en âge. Ne connais-tu pas les maisons où reposent Ahouri et Maîhêt, son enfant ?»
Le vieillard dit à Satni:
«Le père du père de mon père a dit au père de mon père, disant:
«Le père du père de mon père a dit au père de mon père:
«Les chambres où reposent Ahouri et Maîhêt, son enfant, sont sous l'angle méridional de la maison du prêtre... ».
Satni dit au vieillard:
«Peut-être le prêtre... t'a-t-il fait injure et c'est pour cela que tu veux détruire sa maison ?»
Le vieillard dit à Satni:
«Qu'on fasse bonne garde sur moi, puis qu'on rase la maison. du prêtre..., et, s'il arrive qu'on ne trouve point Ahouri et Maîhêt, son enfant, sous l'angle méridional de la maison du prêtre..., qu'on me traite en criminel».
On fit bonne garde sur le vieillard, on trouva la chambre où reposaient Ahouri et Maîhêt, son enfant, sous l'angle méridional de la maison du prêtre...
Satni fit transporter ces grands personnages dans la cange de Pharaon, puis il fit reconstruire la maison du prêtre..., telle qu'elle était auparavant .
Nénoferképhtah fit connaître à Satni que c'était lui qui était venu à Coptos, pour lui découvrir la chambre où reposaient Ahouri et Maîhèt, son enfant.
Satni s'embarqua sur la cange de Pharaon.
Il fit le voyage, il ne tarda pas d'arriver à Memphis et toute l'escorte qui était avec lui.
On l'annonça à Pharaon et Pharaon descendit au-devant de la cange de Pharaon; il fit porter les grands personnages dans la tombe où était Nénoferképhtah et il en fit sceller la chambre supérieure tout aussitôt.


FIN


— Cet écrit complet, où est contée l'histoire de Satni Khâmoîs et de Nénoferképhtah, ainsi que d'Ahouri, sa femme, et de Maîhêt, son fils, a été écrit par le scribe Ziharpto? l'an 15, au mois de Tybi.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





contes et poèmes egyptiens Empty
MessageSujet: Re: contes et poèmes egyptiens   contes et poèmes egyptiens Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
contes et poèmes egyptiens
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ville de Guizeh :: Animations :: Pour les Fellahs-
Sauter vers: